La poursuite des violences armées en Libye n'offre aucune chance à la tenue de la Conférence de Berlin, en cours de préparation, sous l'égide de l'ONU. Le général à la retraite Khalifa Haftar a fait monter samedi soir la tension d'un cran, en annonçant, via son porte-parole Ahmed al-Mesmari, l'interdiction de tous les vols autour de la capitale Tripoli, qu'il n'arrive toujours pas à contrôler, presque huit mois après le lancement d'une vaste opération militaire contre le Gouvernement d'union nationale (GNA, internationalement reconnu).L'Armée nationale libyenne (ANL) affirme en effet qu'elle va imposer une "zone d'exclusion aérienne sur tous les sites d'opérations dans le ciel de Tripoli", suscitant une réaction immédiate du ministère de l'Intérieur du GNA. "Les régions concernées sont celles d'al-Maya jusqu'à l'école des jeunes filles de Tajourah", à l'est de Tripoli, a affirmé le porte-parole de l'ANL. Une partie du sud de la capitale Tripoli est également concernée, ajoute Ahmed al-Mesmari. Autrement dit, les zones d'où les forces de Khalifa Haftar tentent depuis avril d'accéder à la capitale sont concernées par cette annonce, qui constitue un épisode dangereux dans la crise qui secoue le pays depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Ainsi, les vols empruntant les couloirs aériens passant par ces zones seront soumis à une autorisation que l'ANL dit délivrer une fois les coordonnées des appareils vérifiées, a ajouté M. al-Mesmari. Réagissant à cette nouvelle violation, le ministère de l'Intérieur du GNA a affirmé dans un communiqué rendu public dans la nuit de samedi à hier que "tout nouvel événement pouvant menacer la sécurité de la navigation civile et les aéroports civils constitue des nouveaux crimes, qui seront punis par la loi nationale et le droit international". Le GNA rappelle que "ces crimes seront inscrits sur la longue listes des crimes qui ont été déjà commis par Haftar et ses alliés responsables de ces opérations", faisant référence aux membres de l'ANL et aux Emirats arabes unis qui auraient pris place au niveau de plusieurs bases militaires occupées par le général Haftar, selon toujours le même communiqué du ministère de l'Intérieur du GNA, dirigé par Fayez al-Serraj. Ces nouveaux développements interviennent au moment où de nouveaux affrontements ont opposé les troupes du GNA à celles de l'ANL dans le sud de Tripoli, a rapporté la presse libyenne. Les deux camps continuent de s'affronter avec des armes lourdes et à coups de raids aériens et de drones, alors que l'embargo de l'ONU sur les armes en Libye est toujours en cours. Pour rappel, un récent rapport de l'ONU a fait état de la poursuite du viol de cet embargo par des pays comme le Qatar, la Turquie, les Emirats et la Jordanie, dont les armes nourrissent le conflit en Libye et maintiennent la région d'Afrique du Nord dans l'instabilité. Parallèlement, aucune sanction n'a été prise à l'encontre de ces pays, ouvertement accusés d'ingérence en Libye, dans chaque rapport d'enquête publié par l'ONU et des ONG. Lyès Menacer