Bien qu'il soit légitime et internationalement reconnu, le gouvernement d'union nationale a du mal à unir autour de lui suffisamment de voix pour un règlement politique de la crise libyenne. De nouveaux combats ont opposé les troupes du gouvernement d'union nationale (GNA, issu de l'ONU) aux soldats du général Khalifa Haftar, déterminé à prendre le contrôle de la capitale libyenne Tripoli, malgré les revers qu'il a subis depuis le début de son opération le 4 avril dernier. L'aviation de Haftar a mené dans la nuit de dimanche à lundi plusieurs raids, causant de nombreux dégâts dans la localité de Tarhouna, selon la presse locale. Mais aucun bilan n'était encore disponible sur d'éventuelles victimes — morts ou blessés —, surtout parmi les civils. Dans la matinée d'hier, un officier du controversé général avait affirmé à l'agence de presse Reuters que Khalifa Haftar a ordonné à ses troupes d'intensifier les raids aériens sur Tripoli, appelant les habitants de la capitale à s'éloigner des lieux de combats. Pour M. Haftar, qui appartient aux autorités parallèles de l'Est libyen, il s'agit de "libérer" Tripoli des "milices" et de l'emprise du GNA, internationalement reconnu, violant les différents accords passés avec le président du Conseil présidentiel Fayez al-Serraj pour une sortie de crise politique en Libye. Sa soif de pouvoir n'est pas sans prix humain et matériel sur Tripoli, d'où des centaines de familles qui ont fui et que des centaines de migrants se sont retrouvés pris en étau dans les camps onusiens et les centres de rétention. Hier, les autorités de Syrte, la ville natale du défunt guide Mouammar Kadhafi, ont affirmé avoir accueilli encore 355 familles ayant fui les combats dans la capitale. Pour rappel, les raids de dimanche et d'hier interviennent après le cuisant échec que les troupes de Khalifa Haftar ont essuyé dans la localité stratégique de Gharyan, d'où elles ont été chassées par les soldats du GNA. Avec cette défaite militaire, mais aussi morale, Khalifa Haftar tente de remobiliser ses troupes sans réussir pour autant à avancer comme il l'avait espéré vers le centre de Tripoli. Son porte-parole, Mohamed el-Mesmari, a indiqué lors d'un point de presse que la victoire contre les soldats du GNA était imminente. Sur le terrain, l'ancien fidèle du régime Kadhafi est loin de gagner sa guerre, malgré un important soutien financier et logistique qu'il reçoit des Emirats arabes unis, de l'Arabie saoudite et de l'Egypte, dont l'ingérence dans la crise libyenne est aussi avérée que celle de leurs rivaux qataris et turcs. D'ailleurs, l'ONU enquête sur le degré d'implication de ces puissances régionales, soupçonnées de violer l'embargo international sur les armes en Libye, au lendemain de la chute de l'ancien régime de Tripoli fin 2011. Des experts ont déjà collecté de nombreuses preuves sur les violations répétées par ces pays de l'embargo sur les armes, mais la guerre d'influence dans les coulisses freine l'enquête onusienne, tant les intérêts en jeu en Libye dépassent de loin le souci de stabilisation de ce pays voisin.