L'ANL est partie de Benghazi pour s'emparer de la capitale Si les stratèges de l'ANL pensaient mener une offensive éclair et prendre possession de la capitale en moins de vingt-quatre heures, il doit désormais réviser ses plans puisque la situation connaît un statu quo entre les deux camps ennemis qui s'affrontent dans la même zone. Depuis une semaine, l'offensive de l'Armée nationale libyenne (ANL) autoproclamée du maréchal Khalifa Haftar sur la capitale du pays, Tripoli, peine à franchir les barrages situés à une trentaine de km de la ville qui se retrouve privée du seul aéroport plus ou moins fonctionnel de Mitiga, au lendemain d'une frappe aérienne des forces de Haftar ripostant à un raid aérien des milices de Misrata. Malgré les multiples appels à l'arrêt des hostilités émanant de la communauté internationale, Haftar et l'ANL poursuivent leur engagement scellé par de violents affrontements contre les troupes des milices loyales au Gouvernement d'union nationale que conduit Fayez al Serraj. Ces combats ont déjà causé 35 morts, des centaines de blessés et des milliers de personnes déplacées parmi lesquelles de nombreux migrants.Si la nuit de lundi a été plus ou moins calme, les affrontements ont repris dès hier matin, avec la même violence, notamment dans les localités de Kasr Ben Ghachir et Ouadi Rabi, situées à 30 km de Tripoli. Si le commandement de l'ANL pensait mener une offensive éclair et prendre possession de la capitale en moins de vingt quatre heures, il doit désormais réviser ses plans puisque la situation connaît un statu quo entre les deux camps ennemis qui s'affrontent dans la même zone de combats, depuis sept jours maintenant, sans que la balance ne penche en faveur de l'une ou l'autre partie. Les autorités portuaires de Mitiga ont pris acte de la revendication exprimée par l'ANL après le bombardement de l'aéroport international suivi d'une suspension immédiate de tous les vols. Seules, les dessertes nocturnes vont être encore assurées depuis hier, malgré le risque d'une nouvelle frappe. Le porte-parole du maréchal Haftar, le général Ahmad al-Mesmari, a indiqué à la presse que l'attaque visait un avion militaire MiG-23 et un hélicoptère. Dénonçant cette attaque, l'émissaire de l'ONU en Libye, Ghassan Salamé, a déclaré qu'elle constitue «une violation grave du droit international humanitaire qui interdit les attaques contre des infrastructures civiles» tandis que le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a «fermement condamné l'escalade» de la violence autour de la ville de Tripoli, exigeant «un arrêt immédiat» des hostilités et invitant «toutes les parties à engager immédiatement le dialogue afin de trouver une solution politique». Pour sa part, la Haut-Commissaire des Nations unies aux droits de l'homme, Michelle Bachelet, a réagi en demandant à «toutes les parties» de respecter «les obligations, en vertu du droit international, de garantir la protection des civils et des infrastructures civiles». Tout cela en pure perte puisque les déclarations des principales capitales, Moscou, Washington, Londres et Paris, allant toutes dans le même sens, n'ont eu aucun effet sur les évènements. La France se voyant reprocher un soutien manifeste à Haftar, le président Emmanuel Macron a, dans un entretien téléphonique avec Fayez al Serraj, assuré de son «refus total» de l'offensive contre Tripoli, selon un communiqué du GNA. L'Elysée a aussi confirmé que le président Macron s'est entretenu avec al Serraj, avec Haftar et Antonio Gutteres auxquels il a «marqué l'impératif d'agir immédiatement pour mettre fin aux combats». Idem pour Rome dont le chef du gouvernement Giuseppe Conte a lui aussi exprimé à Fayez al Serraj son «refus absolu» de l'offensive du maréchal Haftar. Aussi, doit-on s'étonner de l'absence d'accord au niveau du Conseil de sécurité de l'ONU qui n'est pas parvenu à un consensus appelant l'ANL à cesser immédiatement son agression, porteuse du spectre d'un embrasement généralisé en Libye. Moscou a en effet mis son veto, considérant que l'appel à la retenue devait concerner «toutes les parties» et pas seulement Haftar et les autorités non reconnues de l'est libyen Depuis deux ans, l'ANL est en opération de conquête, parvenant à imposer son emprise au sud du pays avant de s'élancer vers Tripoli que défendent farouchement les puissantes milices de Misrata, Zintan et Zawiya. Tandis que la vie quotidienne se déroule normalement dans la capitale, malgré les combats qui se poursuivent à quelques dizaines de km, les préparatifs de la conférence nationale sous l'égide de l'ONU, prévue du 14 au 16 avril prochain à Ghadamès (sud-ouest) et censée dresser une «feuille de route» pour stabiliser le pays, vont bon train. Ghassan Salamé a assuré, samedi dernier, qu'elle aura bien lieu sauf en cas de «circonstances majeures».