L'objectif est d'impliquer et de faire participer, outre les institutions, la société civile dans la lutte contre ce phénomène qui s'est généralisé dans le pays. L'Organe national de prévention et de lutte contre la corruption (ONPLC) reçoit au niveau de sa cellule permanente quelque 200 requêtes ou plaintes de citoyens, par mois en 2019, qui portent sur des faits présumés de corruption a indiqué, jeudi, le président de cette institution, Tarek Kour, en affirmant qu'après vérification, les faits qui peuvent être qualifiés de crime de corruption sont transmis au ministre de la Justice, qui, à son tour, saisit les parquets spécialisés pour une instruction judiciaire. Au-delà de ce chiffre qui atteste de l'ampleur de la corruption, et pour endiguer ce fléau, le président de l'ONPLC a fait état d'une série de consultations avec différents acteurs de la société pour l'élaboration de l'avant-projet d'une politique globale de prévention de la corruption qui impliquerait les différents segments de la société. Ainsi, après les institutions de l'Etat, le secteur économique (entreprises économiques et banques), les organisations patronales, les syndicats et la famille universitaire, l'ONPLC a rencontré, jeudi, des associations et fédérations membres de la société civile et des personnalités, lors d'une journée d'étude portant sur "le rôle de la société civile dans la prévention de la corruption". Cette rencontre a porté sur l'étude des grands axes de l'avant-projet de la politique globale susmentionnée et, particulièrement, celui inhérent au renforcement du rôle et de la contribution de la société dans la prévention contre ce phénomène. Elle a été marquée par l'intervention d'Arkan El-Sablani, conseiller technique principal et directeur du projet régional pour l'intégrité et la lutte contre la corruption dans les pays arabes, au Pnud, qui a mis en exergue le rôle de la société civile tel que défini par la convention des Nations unies, et qui se décline en quatre axes : la prévention, la criminalisation, la coopération internationale et le recouvrement des deniers détournés. Selon lui, le concept de corruption dépasse le détournement de l'argent, public ou privé, à la mauvaise utilisation de ce dernier. D'où, a-t-il souligné, l'importance d'accorder un intérêt à la bonne gouvernance. Ce que souligne, d'ailleurs, Faouzi Laribi, directeur du bureau régional de l'Instance nationale tunisienne de lutte contre la corruption, qui a dévoilé une des expériences les plus abouties dans le monde arabe. Cette vision dont l'Algérie veut s'inspirer aujourd'hui, comme en témoigne la signature d'un accord de coopération entre les deux institutions (ONPLC-INLUCC), considère que la lutte contre la corruption n'est pas du seul ressort des institutions habilitées, mais un effort collectif qui incombe à toute la société. Outre le fait d'avoir promulgué une loi qui protège les dénonciateurs de la corruption, la Tunisie qui a entrepris également d'organiser des campagnes de sensibilisation sur les méfaits de la corruption, a fait participer les populations, notamment les organisations de la société civile qui agissent en direction de plusieurs catégories, dont les femmes et les jeunes. Cette stratégie pour réduire ces pratiques corruptives utilise les médias, les écoles, les festivals, les films et les rencontres. Le rôle de la mosquée y est également souligné.