Au terme d'une réunion de deux jours (jeudi et vendredi derniers) à Vienne, les 14 pays membres de l'Opep et leurs 10 partenaires, dont la Russie, ont convenu d'une baisse d'au moins 500 000 barils par jour (mbj) pour soutenir les cours du pétrole. Cette nouvelle coupe dans la production portera l'effort total de limitation de production à 1,7 million de barils par jour pour l'ensemble du groupe des 24 pays. La diminution de 500 000 barils par jour est calculée à partir des niveaux de production d'octobre 2018 et fera l'objet d'un examen d'étape en mars 2020. La baisse décidée hier était, en fait, dans l'air, puisque plusieurs producteurs, dont l'Irak, le Venezuela et l'Arabie saoudite, poussaient à cela. Le royaume a tout intérêt à voir les prix progresser, alors qu'il cherche à vendre en Bourse une partie de sa compagnie nationale Aramco. Il sait que plus les prix sont élevés, plus la valorisation boursière d'Aramco est importante. Riyad a estimé que la valorisation de son fleuron national pourrait culminer à 1 710 milliards de dollars, un seuil bien en deçà des ambitions affichées au départ par le prince héritier Mohammed ben Salmane (2 000 milliards de dollars). En réaction à la décision de baisser la production, les prix du pétrole ont nettement progressé hier, atteignant des niveaux plus vus depuis fin septembre dernier. Ainsi, vers 15h20 GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en février valait 64,61 dollars à Londres, en hausse de 1,92% par rapport à la clôture de jeudi 5 décembre, tandis qu'à New York, le baril américain de WTI pour janvier prenait 1,85% à 59,51 dollars. Début décembre 2018, l'Opep et ses partenaires avaient réduit leur offre pétrolière de 1,2 million de barils par jour, répartie comme suit : 800 000 barils par jour supportés par les quatorze pays de l'Opep et 400 000 barils par jour par leurs dix partenaires. Cette diminution représente un peu plus de 1% de la production mondiale. Cet accord vaut jusqu'en mars 2020. L'Opep et ses alliés font face aujourd'hui à une demande mondiale faiblissante et à la concurrence américaine, avec une production schisteuse qui a repris de la vigueur. Ils souhaitent toutefois continuer à brider leur production pour soutenir les cours. L'Arabie saoudite supporte, à elle seule, l'essentiel du fardeau et produit déjà en dessous de son quota. Le royaume n'a produit, en novembre dernier, que 9,85 millions de barils par jour, soit 50 000 barils par jour de moins qu'en octobre. La production saoudienne a bondi de 850 000 barils par jour en octobre dernier, après les attaques de septembre dernier ayant visé certaines de ses plateformes pétrolières. Elle reste toutefois inférieure au quota qui a été attribué à Riyad conformément à l'accord de limitation de la production.