Egaré dès l'irruption du mouvement populaire en février dernier, notamment depuis la sortie hasardeuse de Moad Bouchareb à Oran, le FLN tente de sortir la tête de l'eau à la faveur du scrutin contesté du 12 décembre prochain. Empêtré dans une crise sans fin, orphelin de la sortie de piste de son président d'honneur, brocardé par les manifestants et une partie de la famille révolutionnaire, ébranlé par la mise sous les verrous de deux de ses ex-secrétaires généraux, Djamel Ould Abbès et Mohamed Djemaï, voilà que le FLN jette son dévolu, dans une improbable bataille de survie, sur le candidat du… RND. "Nous avons pris la décision de soutenir Mihoubi à l'issue d'une rencontre que nous avons tenue avec lui", a assuré à nos confrères de TSA le secrétaire général par intérim, Ali Seddiki. Incapable de présenter un candidat, le FLN, après quelques tergiversations, décide donc de soutenir le candidat d'un parti avec lequel il ne faisait pas bon ménage, malgré un compagnonnage conjoncturel sous Bouteflika. On se rappelle comment Djamel Ould Abbes avait organisé une "tripartite" parallèle début janvier 2018 pour court-circuiter celle d'Ahmed Ouyahia, tenue quelques jours plus tôt. Motif invoqué pour expliquer le choix du parti au profit du candidat du RND au détriment de deux "enfants" de la maison, Abdelmadjid Tebboune et Abdelaziz Belaïd : "soutien d'une ligne nationaliste et novembriste". "Nous le soutenons puisque nous cogérons avec le RND l'Assemblée nationale, le Sénat, le gouvernement ainsi qu'un certain nombre d'assemblées locales élues", tente de justifier Ali Seddiki, visiblement à court d'arguments. "Nous avons à cœur que l'Algérie ait un président de la République légitime, et cela a été l'objectif de la campagne du FLN depuis l'annonce de la date du 12 décembre prochain pour la présidentielle. Nous appelons à une participation massive à la présidentielle", ajoute-t-il, en feignant de rappeler que le pays était sans président depuis 2013. Reste que ce soutien, qui peut s'avérer "encombrant" pour le candidat, peut traduire, pour ceux qui connaissent les mécanismes de fonctionnement du sérail et la culture de la cooptation, le choix des décideurs. En plus de jouir d'une bonne presse auprès de certaines monarchies du Golfe, dit-on, Azzedine Mihoubi, dont le facteur jeunesse pourrait opérer, a vu défiler, il y a quelques jours, de nombreux diplomates dans son bureau. Il s'agit des ambassadeurs d'Allemagne, des Pays-Bas, de Belgique, d'Espagne, de Grande-Bretagne et d'Arabie saoudite. Flair du ticket gagnant ou juste une quête d'une meilleure visibilité autour d'un scrutin de toutes les incertitudes et porteur de tous les risques ? S'il n'obéit pas à des injonctions, le soutien du FLN peut se décliner comme l'ultime carte de sauvetage d'un navire en déperdition.