Le nouveau chef du FLN se revendique de la volonté populaire en appelant Moad Bouchareb à démissionner de la présidence de l'APN. On ne sait d'ailleurs pas pourquoi, puisqu'il n'a même pas eu l'inspiration - ou le courage - politique de lui rappeler dans quelles conditions il avait accédé à ce poste. Pour cela, on sait au moins que M. Djemaï n'a pas la culture de la remise en cause personnelle. Il a encore en moins l'intention de se tirer une balle dans la patte. Non seulement Bouchareb, sorti de nulle part, a été porté sur le toit du palais Zighoud dans la pure tradition du putsch mais personne n'a oublié que c'est le FLN et ses démembrements de l'Alliance présidentielle qui ont exécuté la manœuvre avec une rare violence. Si M. Djemaï s'en était offusqué, s'il avait eu le moindre geste qui pouvait le situer au-dessus de la curée, ça se saurait. Du coup, son appel de jeudi aurait eu quelque chance légitime de passer sans susciter de sourire au coin de la lèvre. Et puisqu'il est question d'« Assemblée nationale » dans la bouche du nouveau préposé au secrétariat général du FLN, on ne peut pas s'empêcher de se poser la question : quelle Assemblée ? Et d'y répondre à sa place, puisque lui semble vivre dans un autre pays, sinon une autre planète. Alors, M. Djemaï, l'APN est un ersatz parlementaire, « élue » avec des urnes à double fond, des candidats qui ont acheté leur… candidature, des députés venus continuer la rapine dans l'impunité, d'autres pour l'entamer et d'autres encore pour bénéficier des avantages du « poste », avant d'envisager d'autres ambitions ou d'autres vocations. L'Assemblée dont vous parlez aujourd'hui, M. Djemaï, est l'incarnation du système dont les Algériens veulent aujourd'hui la disparition, pas la redistribution de postes en son sein, pas la réaffectation de son personnel. Si ça se trouve, il n'est même pas sûr que le successeur que vous avez certainement préparé soit moins contestable. Comme vous n'êtes pas moins compromis que Ould Abbès, comme Ould Abbès ne traîne pas moins de casseroles que Saâdani, comme Saâdani ne vaut pas mieux que Belkhadem… Et pour rester dans « l'actualité » la plus fraîche, personne n'a oublié que M. Djemaï s'est distingué par un déploiement toutes sirènes hurlantes pour le… cinquième mandat de Bouteflika. Que votre nom ne commence pas par un « B » ne fait pas de lui un exemple de renouveau. Même pas au sein d'un parti que les Algériens veulent mettre au musée, tenez, puisqu'il est question de… volonté populaire. Une volonté populaire que M. Djemaï confond avec une incroyable allégresse avec le fait du nouveau prince. C'est à ce dernier que les premières paroles prononcées dans la foulée de sa désignation à la tête du FLN sont allées. La volonté populaire, la bonne affaire. S. L.