Le président du mouvement El-Bina, Abdelkader Bengrina, a animé hier un meeting à la coupole du 5-Juillet, avant de clôturer sa campagne électorale aujourd'hui par un rassemblement à Ouargla. Le candidat islamiste a prononcé son discours dans une salle à moitié vide et coupée en deux par un panneau mobile, monté sur une estrade pour donner l'illusion d'une grande foule. Abdelkader Bengrina s'est félicité du soutien de la base du FIS dissous et a remercié ses dirigeants qui l'ont, déclare-t-il, accompagné dans cette course électorale pour la magistrature suprême. Dans une allocution d'une vingtaine de minutes, Bengrina a usé à outrance de la sémantique utilisée par les manifestants et cité, comme exemples d'intégrité et de sacrifice, les martyrs de la Révolution algérienne comme Ben Boulaïd, Ben M'hidi, Amirouche ou l'Emir Abdelkader dont les portraits étaient représentés sur une gigantesque affiche électorale installée juste derrière lui. "Il faut en finir avec les agents de la France", clame-t-il. Pour Abdelkader Bengrina, qui se présente comme le candidat du hirak – sans dénoncer la répression qui s'abat sur les manifestants et activistes politiques –, la réussite de la présidentielle dépend de la concrétisation de cinq conditions. À savoir que "la révolution maintienne ses revendications de manière pacifique, que l'Anie s'acquitte véritablement de ses missions de surveillance et contrôle du scrutin, que les médias rapportent les faits sans les déformer, que l'institution militaire poursuive son travail de sécurisation du processus électoral et que le peuple vote en masse". Le postulant à la magistrature suprême a dénoncé l'implication de walis dans le sabotage de sa campagne électorale en coupant notamment l'internet lors de ses rassemblements. "J'ai déposé plainte auprès de l'Anie qui compte saisir la justice. Je dis à ceux qui fraudent au profit d'un candidat, prenez exemple de ce qui est arrivé à Ouyahia, Sellal, Saïd Bouteflika et certains hommes d'affaires. Vous pourrez vous retrouver demain en prison comme eux." Le président du mouvement El-Bina qualifie sa campagne électorale "de grande réussite". "J'ai animé 30 meetings et effectué plus de 1 000 sorties de proximité. Là où je suis passé, j'ai eu une forte adhésion populaire." Sa direction de campagne a projeté, durant ce meeting, une vidéo-bilan d'où sont soustraites les nombreuses fois où les déplacements du candidat ont été chahutés, voire empêchés, par les citoyens hostiles au scrutin du 12 décembre prochain.