L'on aurait tant aimé, pour cette édition 2005 du festival du raï, se réjouir du spectacle et de l'ambiance de fête avec, en bonus, l'annonce de l'institutionnalisation de ce festival. Malheureusement, le spectacle offert lors des deux premières soirées fut lamentable. Pourtant, le public oranais, essentiellement des jeunes et des familles qui ont fait le déplacement avec leurs enfants, y compris des bébés, n'est pas difficile. Une simple note de musique de raï et les spectateurs sont déjà debout à danser et se laisser porter par le rythme raï qui est comme une seconde peau pour eux. C'est à 23 heures, mercredi soir, au théâtre de Verdure, que l'ouverture du festival a été donnée par le jeune Cheb Tahirou qui fera une petite apparition avec deux titres qui ne sont pas de sa composition, dont l'un des derniers tubes de Cheb Redouane, Jamais noualilha. Déjà le ton est donné pour la soirée, la voix du chanteur ne parvient pas à couvrir l'orchestre du groupe “Liberté”, qui accompagnera tous les chanteurs qui monteront sur scène. Les passages des chanteurs qui se succédèrent jusqu'à minuit, comme cheb Zinou, Hicham, Fouzi… était insipide, sans personnalité, sans charisme, voire même choquant avec l‘apparition de Cheba Warda, qui n'a même pas eu la décence de saluer le public en sortant de la scène. D'ailleurs, ce public le lui rendit bien en applaudissant à peine du bout des mains. À l'exception des stars connues et reconnues, la plupart sont des spécialistes des “cabarets”, n'ayant pratiquement aucun répertoire propre, aucune création musicale et donc ne sont pas des artistes que l'on s'attend à trouver dans un festival. En début de programme, il y eut l'inévitable Bouteldja qui, malheureusement, n'est plus que l'ombre de lui-même. Il laissera quand même entrevoir de beaux restes en dansant sur scène pour la reprise de Zerga oua mesrara. Un vieux tube, dont le public, toujours généreux, reprendra le refrain en chœur, tout en se déhanchant les bras vers le ciel. La piste du théâtre de Verdure est alors envahie par des gamins se défoulant sous l'œil vigilant des parents, heureux de voir leur progéniture se faire plaisir. Car pour les spectateurs qui ont payé 200 DA la place, le festival du raï est le seul rendez-vous de l'été à Oran, pour une soirée de distraction et de fête. Il aura fallu la montée sur scène de Cheb Abbès pour retrouver un peu de professionnalisme. Le public d'ailleurs ne s'y est pas trompé puisque dans les travées du théâtre de Verdure, les danseurs étaient quasiment collés les uns aux autres. Mais là encore, le festival du raï retombera dans ces travers, alors qu'avec surprise, Cheb Abbès entonnait la célèbre chanson de Ahmed Wahbi Wahran, Wahran, le micro tomba en panne pendant de longues minutes. Reprenant par la suite avec courage la chanson culte, Cheb Abbès a dû lui aussi interrompre sa prestation. Mais le comble fut atteint avec l'apparition de Cheb Hindi, qui, passablement éméché, monta, malgré tout, sur scène pour chanter, alors que les organisateurs n'auraient jamais dû le permettre par respect pour tous les gens qui étaient là. C'en était trop pour cette première soirée. La deuxième soirée avec le plateau annoncé, était attendue avec impatience en se disant que jusque-là, c'est juste un démarrage difficile pour un festival. D'ailleurs, c'est cette affiche qui a attiré la grande foule venue écouter leur idole, Houari Dauphin. Il leur faudra patienter de longues heures pour cela, avec en plus une prestation qui tombait comme un cheveu dans la soupe, celle d'un chanteur des îles Comores. Mais cheikha Nedjma combla l'ambiance de fête, surtout lorsqu'elle apparut avec son nouveau look plus classique. F. Boumediène