Satisfait de la réussite de son plan de retrait, Sharon se rend à Gaza pour accélérer l'évacuation des colons. Le Premier ministre israélien vient de recevoir un hommage de la part de son homologue égyptien qui, le traitant de “brave et audacieux”, l'estime capable de faire la paix avec les Palestiniens. Moubarak a affirmé, dans une interview publiée par un journal israélien, que le Premier ministre israélien Sharon était un homme “brave et audacieux” et qu'il était capable de faire la paix avec les Palestiniens. Dans l'entretien publié par le quotidien Yediot Aharonot, le raïs égyptien appelle en outre Israël à engager des négociations avec les Palestiniens sur l'avenir de la Cisjordanie. L'Egypte fut le premier Etat arabe à signer un traité de paix avec Israël, en 1979. Revigoré par le satisfecit égyptien, Sharon envisage de se rendre à Gaza pour consacrer le succès de son plan de retrait de Gaza. Les forces israéliennes évacuaient vendredi la colonie de Gadid, une des quatre restant à démanteler dans le cadre de l'évacuation forcée des colons de Gaza, qui doit s'achever cette semaine. Alors que 17 des 21 colonies de Gaza sont déjà vidées de leurs habitants, le Premier ministre Ariel Sharon a fait savoir qu'il s'y rendrait cette semaine pour rencontrer les chefs de l'armée et de la police chargés de l'évacuation. L'évacuation des colonies de Gaza pourrait être achevée mardi ou mercredi, a estimé le général Dan Harel, commandant de la région militaire sud, en charge de l'opération. Il se peut que, mardi ou mercredi, les derniers colons soient évacués de Gaza, a-t-il déclaré à la radio militaire. L'évacuation des colonies de Gaza achevée, le général Harel compte planifier avec le général Yaïr Naveh, commandant de la région centre d'Israël (incluant la Cisjordanie), l'évacuation des quatre colonies du nord de ce territoire. “Nous tirerons ensemble les leçons de l'expérience de l'évacuation de Gaza pour faire en sorte que l'évacuation des colonies de Cisjordanie se fasse sans violence”, a-t-il déclaré. Gadid sera la seule colonie à être évacuée hier, les forces israéliennes engagées dans l'opération devant marquer une pause jusqu'à aujourd'hui en raison du Chabbat, le repos hebdomadaire juif. Les trois autres colonies qu'il restera à évacuer dès demain sont Atsmona, Katif et Netzarimi. Avec Gadid, ces colonies totalisent 250 familles. “Jusqu'ici, nous avons rencontré de la résistance presque partout, mais il n'y a pas eu de réels débordements, sauf à Kfar Darom où toutes les limites ont été franchies”, devait indiquer le général, précisant que les responsables des violences feraient l'objet de poursuites judiciaires. Jeudi, la colonie de Neve Dekalim, “capitale” du bloc de colonies de Goush Katif, et celle de Shirat Hayam, bastion radical des opposants au retrait étaient tombées lors de scènes de violences et d'hystérie. Les violences lors de l'assaut de la synagogue de Kfar Darom, sur le toit de laquelle des irréductibles s'étaient retranchés, ont fait 75 blessés, dont 31 militaires et policiers. 250 personnes ont été arrêtées à la suite de ces violences, a indiqué un porte-parole militaire israélien. Sharon a qualifié de “bandes de sauvages” les irréductibles de Kfar Darom, estimant que leur attitude était tout simplement criminelle, dans une déclaration au quotidien Yediot Aharonot. “Il s'agit d'une bande de sauvages dépêchés à Kfar Darom par des hypocrites roulant les yeux au ciel pour tenter d'empêcher par la force la mise en œuvre de décisions du gouvernement et du Parlement. Ces gens-là doivent être punis”, a insisté Sharon, faisant allusion à la direction des colons de Cisjordanie et Gaza, farouchement opposée au retrait de Gaza, qui a lancé les mots d'ordre de résistance à l'évacuation et organisé plusieurs manifestations de masse contre lui. De fait, Sharon a remporté la victoire face à ses ultras lesquels, pourtant, ont été à l'origine de son retour à la politique et de son accession à la tête d'Israël. Il restera à l'initiative de Sharon, père de la colonisation israélienne, que les Israéliens ont dit adieu à Gaza, acceptant l'idée que 8 000 juifs ne peuvent continuer à vivre dans des terres palestiniennes. Semaine, sans précédent dans l'histoire d'Israël, l'évacuation de Gaza marque la fin d'une d'une époque : les 38 ans de l'occupation israélienne. En marge de ce retrait, une roquette de type katiousha a été tirée depuis le territoire jordanien sur la station balnéaire d'Eilat, dans le sud d'Israël, sans faire de victime. Cette attaque sans précédent dans cette région est intervenue peu après une autre similaire, dans le port jordanien voisin d'Aqaba où mouillaient deux bâtiments de guerre américains. D. Bouatta