Le bédéiste Benabdelhamid Mohamed-Amine, dit Nime, a été condamné hier à une année de prison, dont trois mois fermes, par le tribunal correctionnel de Cité Djamel. L'artiste peintre était poursuivi pour les mêmes chefs d'accusation qui ont valu au militant des droits de l'Homme, Kaddour Chouicha, d'être condamné, la veille, à une année de prison ferme : offense au président de la République (article 144-bis du code pénal), outrages et violences à fonctionnaires de l'Etat (art. 144) et exposition au regard du public de documents de nature à nuire à l'intérêt national (art. 96). Les faits remontent à la dernière semaine de novembre quand des œuvres de l'artiste représentant plusieurs figures du pouvoir ont été brandies dans des marches populaires contre le régime. Le 26 novembre, Mohamed-Amine qui a été interpellé au siège de son agence de publicité par des agents en civil, a été mis en garde à vue avant d'être présenté au magistrat instructeur, deux jours plus tard. Le magistrat a décidé de le placer sous mandat de dépôt. Lors de son procès, qui a eu lieu le 5 décembre, l'accusé, qui a préféré se passer des services du collectif du hirak, a expliqué qu'il n'y avait pas d'arrière-pensées politiques dans ses dessins qui ne sont que "l'expression artistique de son ressenti" sur les événements qui agitent l'Algérie. Dans son réquisitoire, le procureur de la République a réclamé la peine de 18 mois de prison contre l'accusé alors que la défense a plaidé la relaxe en œuvrant à "dépolitiser" l'affaire. "Nous sommes devant un artiste peintre dénué d'arrière-pensées idéologiques ou politiques", a notamment affirmé l'avocat en indiquant que sur les 250 publications sur la page Facebook de Nime, seules 15 ont trait au mouvement populaire. La défense a également tenté de remettre en cause le bien-fondé de l'accusation portant offense au président de la République en soulignant qu'"Abdelkader Bensalah, qui est croqué dans l'un des dessins, est chef de l'Etat par intérim, on ne peut donc pas parler d'offense à président qui, par ailleurs, n'existe pas dans l'œuvre".