L'artiste Bédéiste Benabdelhamid Amine, dit Nime a été arrêté à Oran mardi dernier, avant d'être présenté, hier jeudi, au juge d'instruction. Ce sont des éléments de la police en civile qui se sont rendus, en nombre, à son agence publicitaire, appelée «Créature», pour l'embarquer manu-militari, et réquisitionner tout son matériel informatique. Tout porte à croire que ce sont ses dessins, postés sur les réseaux sociaux et qui tournent en dérision aussi bien les tenants du pouvoir actuel que les élections présidentielle du 12 décembre prochain ou encore l'indépendance de la justice qui ont poussé les autorités à l'arrêter de cette façon si cavalière. L'un de ses dessins, intitulé «l'Elu», où on voit le chef d'Etat Major Ahmed Gaïd Salah en train de chausser le candidat Abdelmajid Tebboun, entouré des autres candidats et sous l'œil approbateur de l'ancien président déchu Abdelaziz Bouteflika, a eu un franc succès sur la toile. Hier jeudi, il a été mis en mandat de dépôt et devra comparaître le jeudi 5 décembre prochain. Sur les réseaux, les facebookeurs ont fait gorge-chaude de cette arrestation, qu'ils qualifient d'arbitraire. «L'art n'est pas un crime», s'est écriée une internaute, fidèle au hirak. «Le propre de la caricature, forcément, est de grossir les traits, d'exagérer. On n'a pas à mettre en prison une personne pour un dessin. C'est une très grave dérive du pouvoir en place et ça ne présage rien de bon pour la liberté d'expression, la liberté de créer etc. A présent, faire de l'humour peut nous mener en prison. Il ne faut pas rester les bras croisés» a déclaré un autre. En signe de solidarité, beaucoup d'Internautes ont changé leur photo de profil sur les réseaux sociaux pour mettre à la place un dessin de Nime.