La mobilisation de ce nouveau vendredi, qui coïncide avec l'annonce de l'élection d'Abdelmadjid Tebboune, a égalé, voire dépassé les niveaux des premiers actes du hirak populaire. À l'image des millions d'Algériens sortis massivement hier pour le 43e vendredi consécutif, les Algérois ont manifesté hier massivement dans la rue pour crier haut et fort qu'ils n'ont nullement voté lors du scrutin de la présidentielle de jeudi. Ils ont démontré à travers les rues du centre d'Alger qu'ils restent fidèles aux engagements pris le 22 février dernier, jusqu'au départ de tous les symboles du régime politique. Les manifestants n'ont donc pas raté l'occasion de rejeter et le scrutin et les résultats annoncés par l'Autorité nationale indépendante des élections. Tout en brandissant des écriteaux hostiles à "l'élection de la honte", ils ont scandé notamment : "On n'arrêtera jamais ce hirak, jusqu'au départ définitif de tous les pourris du système." La mobilisation de ce nouveau vendredi, qui coïncide avec l'annonce de l'élection de Tebboune, a égalé, voire dépassé les niveaux des premiers actes du hirak. Les artères du parcours de la manifestation étaient noires de monde, notamment après la prière du vendredi. Les processions de manifestants affluaient de partout. Drapés dans l'emblème national, des femmes, des enfants, des vieux, des jeunes étaient tous au rendez-vous. L'affluence d'hier a pulvérisé, selon toute vraisemblance, tous les records enregistrés jusque-là. Les premiers carrés de marcheurs qui ont battu le pavé de la rue Hassiba-Ben Bouali et du boulevard Amirouche étaient déjà à la place Tafourah et à la Grande-Poste, alors que d'autres groupes n'avaient pas encore démarré de la rue Mohamed-Belouizdad et de la place du 1er-Mai. Les cortèges venus de Bab El-Oued, de La Casbah et de la place des Martyrs étaient également impressionnants. C'est dire que les marcheurs devaient jouer vraiment des coudes pour se frayer un petit passage afin de rallier les lieux de rassemblement du centre, la place Maurice-Audin ou le jardin Mohamed-Khemisti. Ils ont démontré que leur résolution reste intacte et sans faille, pour faire aboutir le projet phare du peuple algérien : "Yetnahaw gaâ et l'organisation d'une période transition." D'autres manifestants paradent avec une pancarte pour condamner les taux de participation, en répétant en chœur : "Le vote est truqué, c'est l'armée qui l'a fait." Les hirakistes ont également tenu à exprimer leur gratitude et à rendre un vibrant hommage aux habitants de Tizi Ouzou, de Béjaïa et de Bouira qui ont boycotté le scrutin imposé par le pouvoir en place. Ils ont entonné à l'unisson : "La Kabylie bravo aâlikoum, l'Algérie est fière de vous." Le nouvel élu à la magistrature suprême depuis hier, Abdelmadjid Tebboune, en a eu également pour son "nouveau" grade.