Le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne, a dénoncé hier les "assassinats et enlèvements", dans un pays où l'Iran étend de plus en plus son influence. Les manifestations se sont poursuivies hier dans tout l'Irak. Les assassinats et les enlèvements de manifestants en Irak continuent de s'intensifier suscitant un climat de terreur généralisée. Pas moins de six manifestants anti-pouvoir ont été blessés jeudi soir par des grenades assourdissantes dans un café de Kout, dans le sud de l'Irak. Au cours de la semaine dernière, 4 militants ont été retrouvés morts après avoir été enlevés. L'indignation hier était à son comble au milieu des manifestants qui continuent, malgré la violence, de battre le pavé, dénonçant de plus en plus fort l'Iran, accusé de manipuler des groupes armés dirigés contre les protestataires. Le grand ayatollah Ali Sistani, figure tutélaire de la politique irakienne, a dénoncé hier les "assassinats et enlèvements", dans un pays en révolte et où les factions armées pro-Iran étendent de plus en plus leur influence, appelant à placer "toutes les armes sous le contrôle de l'Etat". Dans son prêche hebdomadaire lu par un de ses représentants dans la ville sainte de Kerbala, M. Sistani, plus haute autorité religieuse pour la majorité des chiites d'Irak, a souhaité "qu'aucun groupe armé n'agisse hors du cadre de l'Etat", appelant "les autorités à être à la hauteur de leurs responsabilités". Revenant sur le lynchage puis la pendaison jeudi à Bagdad d'un adolescent de 17 ans, accusé d'avoir agressé des manifestants, il a également appelé le gouvernement à "faire la lumière sur ce crime atroce qui a eu lieu place al-Ouathba", près de la place Tahrir, épicentre de la contestation à Bagdad. Sistani a également lancé un appel à faire la lumière sur la tuerie commise il y a une semaine aux environs de la place Tahrir par des hommes armés non identifiés qui ont abattu 20 manifestants et quatre policiers en évacuant un parking à étages occupé depuis des semaines par les contestataires. Plusieurs cas d'enlèvements ont été signalés cette semaine. Selon des médias et des ONG irakiennes, chaque fois, des hommes en uniforme, que l'Etat dit ne pas pouvoir identifier, appréhendent les protestataires, les meneurs notamment, devant chez eux ou aux abords des lieux de manifestation. Le bilan de morts, parmi les manifestants, incroyablement lourd, continue de monter. Pas moins de 460 morts et quelque 25 000 blessés ont été à ce jour recensés par des ONG de défense des droits de l'homme s'appuyant sur des sources médicales. Hier, les rassemblements se sont poursuivis dans plusieurs villes du Sud, ainsi que sur la place Tahrir, où les manifestants conspuent désormais les politiciens présentés par la rumeur comme candidats au poste de Premier ministre. Le président Barham Saleh a jusqu'au 17 décembre pour désigner un nouveau chef de gouvernement, après la démission d'Adel Abdel Mahdi il y a deux semaines.