"En Algérie, un nouveau président, pour quoi faire ?" titre Libération qui, dans un article d'analyse, estime que "le vainqueur annoncé de ce scrutin présidentiel, tant voulu par l'armée, mais boycotté par une majorité de la population, Abdelmadjid Tebboune, qui a recueilli 58,15% des suffrages, selon les résultats officiels, fait déjà l'objet de moqueries". Le journaliste s'est également interrogé sur la marge de manœuvre du nouveau président algérien, l'estimant étroite. "Même selon les chiffres officiels, largement contestés, la participation au scrutin a été la plus faible de l'histoire des présidentielles en Algérie (40%). Tebboune aurait donc recueilli 5 millions de voix, sur un total de 24 millions d'inscrits sur les listes électorales. Massivement rejeté par la rue, élu au terme d'un vote au forceps par l'armée, sa légitimité est fragile", écrit le journaliste. Il en est de même pour L'Humanité, qui titre "Abdelmadjid Tebboune, un président fragile...", expliquant : "Avec un score aussi bas, c'est un président politiquement fragilisé qui vient d'être élu dans un contexte de rejet massif du scrutin. De quelle légitimité disposera-t-il vis-à-vis de la majorité des Algériens et des partenaires de l'Algérie quand on sait que 60% des échanges du pays se font avec l'UE ? Une chose est sûre, à moins d'être un irresponsable, il ne pourra pas mettre entre parenthèses plus de neuf mois de protestation citoyenne massive. Ce qui est certain, c'est que cette élection va encore creuser le fossé séparant le hirak et le pouvoir." Le journal Le Monde le décrit comme suit : "Ephémère Premier ministre d'Abdelaziz Bouteflika et représentant de la vieille bureaucratie d'Etat, M. Tebboune, 74 ans, passait pour le plus proche collaborateur de l'homme fort du pays, le général Ahmed Gaïd Salah, parmi les cinq candidats en lice." Abondant dans le même sens, L'Express écrit : "Ce septuagénaire de la première génération d'énarques algériens a fait toute sa carrière au sein de l'appareil d'Etat. La rue est déjà contre lui." La presse française, en général, n'a pas été tendre en abordant l'élection de Tebboune, comme le résume si bien l'article de Marianne : "Les caciques du régime sont vidés par la grande porte — l'adieu à Bouteflika en avril dernier — mais ils reviennent par la fenêtre de l'entêtement ou de l'entourloupe, comme cela commençait à se murmurer à Alger dès le résultat de l'élection présidentielle annoncé. Face aux millions de manifestants qui tiennent la rue pacifiquement depuis près de dix mois, voici donc, pour conduire leurs jeunes existences, un très falot septuagénaire." Sur un autre continent, le journal américain The New York Times titre pour sa part : "Le candidat préféré des militaires remporte les élections en Algérie", en précisant que "les protestataires ont occupé la rue à nouveau vendredi pour rejeter le résultat de cette élection qu'ils ont boycottée", alors que le britannique The Financial Times commente cette élection en soutenant que "l'armée algérienne est le principal arbitre du pouvoir dans le système politique depuis l'indépendance du pays en 1962, en choisissant les présidents et en contrôlant les décisions-clés". Le journal allemand Suddeutsche Zeitung a rapporté, quant à lui, la nouvelle de l'élection de Tebboune : "En Algérie, l'ancien Premier ministre Abdelmadjid Tebboune a été élu nouveau président avec 58,15% des voix, selon l'autorité électorale. L'homme de 74 ans était considéré comme le favori des dirigeants militaires, à cause de cela, les militants l'ont appelé ‘l'élu' sur les réseaux sociaux."