S'il a remis en cause la légitimité du président élu jeudi 12 décembre, le parti dirigé par Ali Laskri n'a pas rejeté l'offre de dialogue de M.Tebboune mais a posé cinq conditions. Fidèle à sa ligne anti-pouvoir et au hirak, le Front des forces socialistes a dénoncé le scrutin présidentiel du 12 décembre, qualifié de "mascarade" et de "non démocratique", tout en remettant en cause la légitimité du président qui en est issu. "Le Front des forces socialistes rend hommage au peuple algérien qui n'a pas attendu les résultats de ce scrutin qu'il ne reconnaît pas pour exprimer tout au long de ce 43e vendredi, dans une mobilisation pacifique et unitaire sur tout le territoire national, son indignation et sa colère à l'encontre d'un pouvoir en uniforme et de sa couverture civile, qui viennent, à travers cette mascarade électorale, de salir l'image de l'Algérie dans le monde", a soutenu le Front des forces socialistes (FFS) dans une déclaration remise aux journalistes lors d'un point de presse animé hier à Alger par le coordinateur de l'instance présidentielle du parti, Ali Laskri. Après avoir qualifié le scrutin présidentiel du jeudi 12 décembre de "non démocratique et non transparent, rejeté massivement par les Algériennes et les Algériens", le FFS a relevé l'"abstention massive" qui a caractérisé cette élection mais surtout l'"illégitimité du président élu que la communauté internationale évite de féliciter". Convaincu que le régime fera tout pour retarder la "victoire" du peuple algérien qui lutte pour son "indépendance", le FFS a appelé les Algériens à "poursuivre et amplifier leur mobilisation pour instaurer un Etat civil et non militaire en veillant à préserver son caractère pacifique (…)" et à "inscrire leurs actions dans la durée (…)". Comme pour répondre au nouveau président qui a appelé les partis et la société civile à un dialogue, le Front des forces socialistes n'a pas rejeté l'offre, mais a tenu à poser ses conditions : "Le Front des forces socialistes a toujours considéré, et il l'a toujours proposé, que l'avènement de la deuxième république est une exigence de sortie de crise, et que seuls une véritable transition démocratique et un dialogue national transparent et sérieux avec tous les acteurs politiques représentatifs et ceux de la société civile mobilisés dans le mouvement populaire et associatif pourront convenir d'une plateforme consensuelle de sortie de crise sur les plans politique, économique, social, environnemental et culturel avec un calendrier et des instruments de contrôle et d'exécution, en vue de l'élection de l'Assemblée nationale constituante." Et de préciser : "Mais pas n'importe quel dialogue." "D'avance nous mettons en garde le pouvoir contre la tentation d'organiser un pseudo-dialogue sous son égide dans une conférence non souveraine visant à valider une feuille de route préétablie avec un ordre du jour déjà fixé et des participants de son choix", a averti le FFS, avant de fixer cinq conditions pour la réussite de ce dialogue, à savoir "la création d'un climat d'apaisement favorable aux discussions notamment la libération des détenus politiques et d'opinion, le respect des libertés d'expression, de manifestation et de réunion ; l'adoption commune de l'ordre du jour et du choix des participants ; le caractère souverain et transparent du dialogue ; l'adoption par consensus de la plateforme de sortie de crise ; l'engagement par les parties prenantes de son exécution dans les délais prescrits".