L'ancien wali d'Oran Miloud Chérifi a été auditionné, hier, par le juge d'instruction près la Cour suprême dans le cadre de l'affaire Ali Haddad. Selon notre source, M. Chérifi a été entendu en qualité d'accusé dans le cadre de l'extension de délits, notamment pour avoir octroyé des avantages indus à Ali Haddad, déjà condamné la semaine dernière par le tribunal de Sidi M'hamed à sept ans de prison ferme dans l'affaire du financement occulte de la campagne électorale du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. L'audition n'a pas duré longtemps, et M. Chérifi a quitté la Cour suprême vers 10h. Selon la même source, Ali Haddad avait indûment bénéficié d'une assiette de terrain à Oran, avant qu'une enquête ne soit enclenchée au niveau de la Direction des domaines. En outre, le même juge a auditionné l'ancien wali de Tipasa, Mustapha Layadi, dans le cadre des enquêtes liées à la corruption et au trafic du foncier. Le mis en cause avait déjà comparu, au mois de mai dernier, devant le juge d'instruction près le tribunal de Tipasa dans le cadre de la même affaire, et ce, après qu'une enquête eut été enclenchée. Celle-ci a été motivée par une plainte qui avait été déposée par la Direction des domaines à son encontre. M. Layadi avait alors quitté le tribunal sans être inculpé. Toutefois, son dossier, à l'instar de celui de Mouloud Chérifi, a été envoyé à la Cour suprême, sachant qu'il bénéficie du privilège de juridiction. Par ailleurs, la Cour suprême s'est intéressée, hier, au dossier lié à la grande corruption dans le secteur de l'industrie automobile. Selon nos sources, le patron du groupe Elsecom, Abderrahmane Achaïbou, a longuement été auditionné en qualité de témoin par le juge d'instruction de la même Cour sur la concession et l'usine de KIA El-Djazaïr, dont le patron, Hassan Larbaoui, a été condamné la semaine dernière à sept ans de prison ferme. Et si rien n'a filtré sur cette audition, il n'en demeure pas moins que l'homme, par qui le scandale de la corruption dans le secteur de l'automobile a éclaté, a confirmé ses accusations devant le conseiller enquêteur. À commencer par la dépossession forcée du groupe Elsecom par l'ancien ministre de l'Industrie Abdeslam Bouchouareb (condamné à vingt ans de prison par contumace et faisant l'objet d'un mandat de recherche international) de toutes les marques automobiles qu'il représentait en Algérie, notamment KIA, Suzuki et Ford. Ainsi, M. Achaïbou a été entendu dans le cadre de l'extension des délits, d'autant que ce dossier a vu l'implication de l'ancien Premier ministre Ahmed Ouyahia, de trois anciens ministres de l'Industrie et des Mines, à savoir Abdeslam Bouchouareb, Youcef Yousfi et Mahdjoub Bedda, d'un haut cadre dudit ministère, Amine Tira, et de près d'une soixantaine de fonctionnaires et de hauts cadres de différents ministères et de banques. Ces derniers ont été condamnés à verser à M. Achaïbou (partie civile) une indemnisation de 200 millions de dinars. Du coup, il n'est pas exclu que d'autres victimes soient convoquées par la Cour suprême dans cette affaire qui a coûté une perte sèche de près de 120 000 postes d'emploi et des dizaines de milliards de dollars dans certaines usines qui ressemblaient plus à des hangars de boulonnage.