Les enquêteurs ont relevé plusieurs irrégularités dans le fonctionnement de Kia Al-Djazaïr avant son inauguration en septembre 2018. Le patron de Global Motor Industry (GMI), Hassane Larbaoui, deux de ses frères, l'ex-Premier ministre Ahmed Ouyahia, les deux ex-ministres de l'Industrie et des Mines Youcef Yousfi et Abdeslam Bouchouareb, un ex-directeur général de l'industrie et une dizaine de cadres centraux du même ministère ont comparu, hier, devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed (Alger) dans l'affaire de l'usine de montage automobile Kia Al-Djazaïr, relevant de Gloviz, une filiale de GMI. Selon nos sources, les mis en cause ont été convoqués dans le cadre de l'enquête préliminaire menée par la Section de recherche de la Gendarmerie nationale et transmise au parquet général de la cour d'Alger. Dans cette affaire, les enquêteurs ont relevé plusieurs irrégularités dans le fonctionnement de Kia Al-Djazaïr avant son inauguration, en septembre 2018, dans la commune de Djerma, à Batna, par l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines Youcef Yousfi. Les propriétaires de cette unité destinée à l'assemblage de plusieurs modèles de la marque coréenne, tels que Picanto, Rio, Cerato, Sportage et le petit camion K-2500, ont été auditionnés par les gendarmes qui ont, par ailleurs, opéré des perquisitions dans le cadre des extensions de délits et de compétence géographique avant de convoquer d'autres mis en cause, dont certains en qualité de témoins, dans le cadre de cette enquête qui a duré plusieurs mois. Selon nos sources, les prévenus sont poursuivis pour corruption, octroi d'indus avantages non prévus par la loi, mauvais usage de la fonction, passation illégale de marchés et surfacturation dans le cadre de l'achat de l'usine de montage Kia Al-Djazaïr. Les prévenus ont été auditionnés par les juges enquêteurs toute la journée d'hier en l'absence de l'un des principaux mis en cause, à savoir l'ex-ministre de l'Industrie et des Mines Abdeslam Bouchouareb, toujours en fuite en France. Mais, selon nos sources, si ce dernier ne venait pas à répondre dans cette troisième affaire, après celles de Tahkout Manufacturing Company (TMC) du groupe Tahkout et de Sovac Production, la Cour suprême pourrait le condamner par contumace et serait en droit de délivrer, à son encontre, un mandat d'arrêt international. Cela étant dit, il n'est pas exclu que des cadres banquiers soient cités en qualité de témoins dans le cadre du montage financier de l'usine Kia Al-Djazaïr. Il faut rappeler que la marque Kia était, officiellement, représentée par le groupe Elsecom. En 2014, le patron de ce groupe, en l'occurrence Abderrahmane Achaïbou, avait appris qu'il était dépossédé de cette marque coréenne. N'ayant pas accepté ce coup de force, M. Achaïbou est monté au créneau et avait accusé Abdeslam Bouchouareb de corruption. Tout récemment, les travailleurs du groupe Elsecom ont accroché des banderoles à Alger pour réclamer la restitution de la marque Kia au groupe Elsecom. À l'heure où nous mettons sous presse, l'instruction poursuit son cours et plusieurs mises en détention provisoire pourraient être prononcées à l'encontre de certains prévenus impliqués dans ce lourd dossier.