La Constitution de 1950 avait consacré le hindi comme seule langue officielle, avec l'anglais qui devait avoir un statut officiel temporaire, entraînant le pays de la violence. Mais en 1956, le pays crée le "States Reorganisation Act" qui respecte les particularités linguistiques de chaque Etat. Des manifestations meurtrières se sont propagées hier à d'autres villes indiennes, en contestation de l'adoption d'une loi sur la citoyenneté excluant les membres de la communauté musulmanes, réfugiés dans ce pays de 1,3 milliard d'habitants. Promue par le gouvernement du Premier ministre populiste Narendra Modi, cette loi a été adoptée la semaine dernière afin de faciliter l'obtention de la nationalité indienne aux réfugiés afghans, bangladais et pakistanais, excluant toutefois les musulmans, rapportent les médias locaux et les agences de presse. C'est dans le nord-ouest du pays que les tensions sont montées ces deux derniers jours, provoquant de violentes émeutes qui ont déjà coûté la vie à au moins six manifestants dimanche. Il s'agit en effet de l'Etat d'Assam, où le Registre national des citoyens (RNC) a exclu près de deux millions de personnes de la citoyenneté indienne sur les 31,1 millions de personnes recensées, avaient annoncé les autorités fin août dernier. Dans le courant du week-end, des manifestations contre le "Citizenship Amendment Bill" (CAB) se sont notamment tenues à Bombay, Aligarh, Hyderabad, Patna et Raipur. À New Delhi, ce sont les étudiants qui ont été à l'avant-garde de ce mouvement de contestation. Selon eux, le CAB vise à marginaliser davantage la minorité musulmane. Hier, au lendemain de la répression policière des manifestations estudiantines qui a fait plus de 200 blessés, d'autres universités indiennes se sont jointes à la contestation, dans la soirée de dimanche en signe de solidarité et de dénonciation de cette loi. Pour rappel, cette intensification du mouvement fait suite aux rudes affrontements dimanche entre policiers et manifestants à l'université Jamia Millia Islamia de New Delhi. À l'intérieur de Jamia et dans des quartiers alentour, les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes et chargé la foule à coups de bâton. Des vidéos montraient des scènes de chaos à l'intérieur même des bâtiments de l'université, avec des étudiants ensanglantés. Ce n'est pas la première fois que des violences secouent l'Inde en raison des questions identitaires et linguistiques. Déjà, au milieu du siècle dernier, dans une Inde fraîchement indépendante, la première Constitution adoptée en 1950 avait provoqué une vague de violences meurtrière à travers le pays. La Constitution de 1950 avait consacré le hindi comme seule langue officielle, avec l'anglais qui devait avoir un statut officiel temporaire et "subsidiaire", mais toujours en cours. Cela a provoqué la colère des différentes composantes de la société indienne et des violences qui avaient contraint les autorités en 1956 à créer le "States Reorganisation Act" qui respecte les particularités linguistiques de chaque Etat. Si le contexte est aujourd'hui quelque peu différent, le problème de fond reste le même et qui est celui de l'identité de l'Inde moderne.