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Le sous-continent indien en pleine effervescence
Publié dans El Watan le 18 - 07 - 2007


Inde.
De notre envoyé spécial
Cette fois, il y aura par contre exception car très probablement, c'est une femme qui sera choisie par les quatre mille grands électeurs que compte l'Inde. Une grande première dans ce pays marqué par le poids des traditions. Pour le Parti du Congrès qui a marqué l'histoire de l'Inde depuis son indépendance, le compte y est, et le choix ne relève pas de la simple alternance. Il a été annoncé au milieu du mois dernier par la présidente du Congrès, Mme Sonia Gandhi, la veuve de l'ancien Premier ministre, Rajiv Gandhi, assassiné en 1991. Ce sera, a-t-elle déclaré, Mme Pratibha Patil 70 ans, qui exerce déjà la fonction de gouverneur de l'Etat du Rajasthan (nord-ouest de l'Inde). «C'est un moment historique», s'est contenté de déclarer Mme Gandhi. Tous les ténors de la classe politique ont tenté de contrarier un tel choix, mais en vain, car la loi du nombre n'est en aucun cas en leur faveur.
Et après, dira-t-on. Mais en Inde, le chef de l'Etat ou encore, le président de l'Union dispose d'une marge de manœuvre avec souvent un rôle décisif dans la formation du gouvernement fédéral ou des gouvernements locaux. Tout le reste, c'est-à-dire toute la politique de la nation est l'attribution exclusive du Premier ministre, et c'est justement un membre du Congrès, Manhoman Singh, un personnage-clé puisqu'il est l'homme par qui le miracle indien est arrivé, qui exerce cette fonction depuis 2004.
La fonction de Premier ministre avait déjà été exercée par une femme, Mme Indira Gandhi, fille d'un personnage historique Jawaharlal Nehru, entre 1966 et 1977, avant de finir assassinée, en 1984, en plein exercice d'un nouveau mandat qu'elle avait entamé en 1980.
Quant à la symbolique, elle est forte dans ce pays où il y a plus d'hommes que de femmes, et où le taux d'alphabétisation des femmes est de 38% contre 65% pour les hommes, malgré les lois du pays qui stipulent que l'enseignement est obligatoire. Très peu de familles appliquent ce principe contre leur propre volonté. L'Etat lui-même n'arrive pas à les contraindre, faute de moyens. Et l'enjeu est important. Selon les prévisions, la population de l'Inde pourrait dépasser celle de la Chine d'ici 2050. Elle compte actuellement le deuxième foyer de peuplement au monde, juste derrière son voisin, avec
1 095 351 995 habitants (en 2006). Ce qui correspond au cinquième de la population mondiale, et si rien n'est fait, ce chiffre s'élèvera à 1,5 milliard d'habitants. Avec un tel chiffre, l'Inde bat déjà un record, celui de la première démocratie parlementaire. Un record peu enviable pour ce qu'il rapporte, ou qu'il cache. Le bulletin de vote et encore ; la sociologique est riche en révélations avec les achats de voix, les manipulations en amont, il est vrai, puisque les opérations électorales sont strictement surveillées par une commission électorale nationale qui a la particularité d'être permanente. En outre, et si le taux national de participation paraît élevé, il est fortement déséquilibré avec de forts écarts entre les villes et les campagnes.
Les dirigeants indiens misent très fortement sur l'éducation pour un contrôle de la population et aussi pour surmonter sinon mettre fin au système des castes, un terme qui signifie une hiérarchisation au sein même de la population, avec en dernière position (la cinquième très exactement) les parias ou intouchables, à qui sont réservés les emplois les plus dégradants et les plus pénibles. Voilà donc un autre paradoxe de l'Inde qui doit, pourtant, sa constitution post-indépendance à un intouchable, le Dr Ambedkar.
Ou encore, M. Narayan, un autre intouchable, qui a exercé la fonction de Président de l'Inde. Très officiellement, une telle démarche a été interdite par la constitution, mais la tradition semble plus forte. Et l'on se rappelle de quelle manière avait été traité le père de la bombe atomique indienne. «C'est le fils d'un pêcheur», se sont contentés de déclarer certains de ses compatriotes. Le statut passe avant le mérite, une aberration. Ou encore, le rang social et rien d'autre, malgré l'effort de l'Etat afin de briser les barrières au besoin en allouant des quotas dans l'université et dans la fonction publique aux personnes défavorisées. C'est cela l'Inde avec ses vingt-trois langues officielles, et une constitution promulguée le 26 janvier 1950 créant la «République souveraine et démocratique» de l'Inde au caractère laïc, et à la vocation souveraine. Ce qui lui donne des institutions inspirées des modèles britannique et américain, mais sans la moindre comparaison au niveau sociétal ni avec l'un, ni avec l'autre.
Mais l'Inde, c'est aussi cette puissance dite émergente le plus souvent citée en exemple dans les milieux économiques, mais un problème pour des sociétés qui craignent pour leur confort. La puissance de l'Inde est aujourd'hui telle que ses grands groupes économiques et industriels se lancent dans l'achat d'entreprises du monde occidental. Il est difficile en ce sens d'oublier le feuilleton Mittal-Arcelor. La tendance ne fait que s'accentuer avec une délocalisation en sens inverse, puisque ses groupes indiens empruntent cette voie pour contourner très certainement des politiques de quotas très contraignantes, et le manque de main-d'œuvre qualifiée. Cela, toutefois, ne doit pas faire oublier la réalité de l'Inde. C'est la plus grande population de pauvres au monde avec plus de 500 millions de personnes qui prennent parfois le chemin des villes pour mourir. Ou encore, Bombay, cette immense mégapole méridionale en plein boom économique, qui abrite le plus grand bidonville au monde avec pas moins de 7 millions d'habitants. Et encore, se plaît-on à souligner, il ne s'agit pas exclusivement de pauvres. Bombay se développe, mais très peu d'Indiens peuvent se permettre d'habiter dans les nouveaux quartiers où le mètre carré de terrain se vend à pas moins de 9000 dollars.
C'est énorme en comparaison avec le reste de la société, avec ses riches et mêmes ses très riches en milliards de dollars. Ce ne sont pas de simples écarts, mais un véritable fossé entre populations. Ce qui a amené beaucoup d'Indiens à dire que les véritables castes sont là. Autrement, il n'y a plus de castes, mais des classes sociales, avec le haut et le bas de la pyramide, certainement la plus grande classe moyenne avec ses 300 millions d'individus. Le raccourci paraît simple, mais beaucoup le contestent pour mieux mettre en relief les paradoxes souvent graves de l'Inde, un pays qui aspire au statut de grande puissance.
En ce sens et malgré une approche presque obsessionnelle de la sécurité, elle est partout présente, avec des partenariats stratégiques avec toutes les grandes puissances, avec lesquelles elle a engagé un nouveau challenge, celui de la compétition économique. Effectivement, la sécurité est un thème ou beaucoup plus une préoccupation majeure. En parcourant l'Inde, on se rend compte à quel point ce n'est pas comme au cinéma.
Des check-points partout sur le réseau routier. Et les obstacles érigés semblent y être présents depuis si longtemps que certains malins n'ont pas hésité à les utiliser comme supports pour leur publicité. Tout est sous contrôle, et pour les Indiens qui doivent avoir de bonnes raisons, rien n'est excessif, et ils l'acceptent facilement. Où que l'on soit dans ce vaste pays, on a du mal à trouver un Indien en colère. Pas la moindre grimace. Un sourire et non pas un rictus. Mais selon ceux qui y vivent, l'apparence est trompeuse, et la colère déferle tel un torrent, ou plus encore comme cette mousson qui envahit l'Inde chaque année. Plus que des manifestations du ventre, on craint surtout les heurts entre ethnies. Une mosquée ou un temple brûlé, c'est chose courante, et cela finit toujours dans le sang. Des morts, beaucoup de morts, et un fossé que les hommes politiques ont du mal à combler. Comme un tonneau des Danaides, ou le rocher de Sysiphe. Il faut toujours recommencer, et encore, pas là où les choses se sont arrêtées. C'est pourquoi à New Delhi, le challenge est économique pour réduire les écarts et la pauvreté. Le pari, c'est aussi l'éducation, mais celui-ci est bien difficile à gagner, car il faut avant tout briser le cercle de la pauvreté, et donner ainsi aux familles les moyens de scolariser leurs enfants, et ne plus utiliser ces derniers comme main-d'œuvre. C'est l'heure du pragmatisme politique et du réalisme économique. Ce qui a fait dire que l'Inde a perdu de vue le Mouvement des non-alignés. «Faux», rétorque-t-on dans certains milieux politiques. Et l'occasion en a été donnée en ce début de mois de juillet, par la secrétaire d'Etat américaine. Intervenant devant le Joint Committee for Business (forum d'affaires américano-indien) réuni à Washington, Mme Condoleezza Rice a tout simplement suggéré que l'Inde abandonne le non-alignement. Il faut que cette politique soit importante pour que les Etats-Unis viennent à la dénoncer. Cela étant, la réaction a été vive en Inde, beaucoup plus dans les milieux politiques et des médias. Elle était plus mesurée dans les milieux officiels. «Pour nous, le non-alignement est toujours important, et Mme Rice a exprimé son opinion», a ainsi déclaré le secrétaire indien aux Affaires étrangères qui souligne par ailleurs que «l'OTAN continue d'exister malgré la fin de la guerre froide».
Ou encore d'affirmer à propos du budget consacré à la défense qu'«il ne s'agit pas de préparer la guerre, mais de défendre l'Inde, un pays vaste». Mais en Inde, on ne s'arrête pas à ces principes. D'autres sont envisagés. «Comment contrer l'hégémonisme américain et créer de nouveaux pôles», se demande-t-on à l'Indian Council of World Affairs (institut indien pour les affaires internationales), un laboratoire d'études créé en 1943 et qui n'a été réhabilité qu'en 2000 après des décennies de mise à l'écart. Son directeur, Shri Talmiz Ahmad, ancien ambassadeur, en est tout heureux. Certes, sa fonction n'est pas officielle, mais son opinion pèse tout de même. Il reviendra sur les conseils de
Mme Rice, mais aussi sur l'offre américaine de partenariat que les Indiens rejettent selon lui, «car cela signifie la soumission». Véritablement, un tel débat manquait à l'Inde, et notre orateur en profitera pour dire ce qu'il pense de l'accord de coopération nucléaire signé avec les Etats-Unis. «Ce n'est pas un cadeau, dira-t-il, car c'est le programme nucléaire indien qui passe sous le contrôle des Etats-Unis.» Cela a-t-il échappé aux responsables indiens qui l'ont négocié ? Très certainement pas, et c'est de la même manière que l'Inde s'est associée au projet nucléaire international de la nouvelle génération plus connu sous l'appellation abrégée de ITER.
Et comme pour marquer la fin de la guerre froide et l'évolution des rapports internationaux, l'Inde s'est engagée dans une troïka avec la Russie et la Chine dans le but de promouvoir le développement économique des trois pays, le maintien de la paix, assurer la stabilité et la sécurité dans la région et dans l'ensemble du monde. L'Inde entend aussi donner un sens à la coopération sud-sud même s'il s'agit exclusivement d'affaires. Il s'agit de cette alliance avec le Brésil, même si le terme ne semble pas le plus approprié. Les deux pays viennent de conclure des accords de coopération dans les domaines pétrolier, spatial et commercial, susceptibles de quadrupler le chiffre d'affaires de leur commerce bilatéral actuel. Pour les Indiens, et cela a été fortement remarqué à travers le territoire indien avec de fréquentes coupures d'électricité, la question de l'approvisionnement de leur économie en énergie est d'une extrême acuité. Ils sont là où il y a de l'énergie, car la machine économique, déjà bien lancée, est passée à une vitesse supérieure.
Au plan multilatéral, l'Inde, déjà puissance nucléaire, pourrait intégrer le club du même nom qui lui fermait ses portes. Un pas vers un autre statut international qui soit conforme à sa stature internationale à supposer qu'il y ait effectivement des critères univoques, pour endosser ce costume. Une population nombreuse, l'arme atomique, une économie en forte expansion en attendant un réel développement, c'est cela l'Inde en 2007. Des chiffres qui donnent véritablement le vertige. Mais que cela soit clair. Toutes statistiques quelles qu'elles soient. Et il n'y a pas que des meilleures. Mais rien ne semble effrayer ou du moins perturber les dirigeants indiens que ce soit la pauvreté, le lourd déficit commercial, l'endettement, ou encore la perspective bien réelle que la population de l'Inde dépassera d'ici deux décennies, celle du voisin chinois. «On verra d'ici là», nous a tout simplement déclaré le secrétaire indien aux affaires étrangères.
(A suivre)


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