Brandissant des portraits du concepteur du mot d'ordre historique "la primauté du politique sur le militaire", des dizaines de milliers de marcheurs ont rendu hommage à Abane Ramdane. Rien ne semble stopper l'insurrection populaire que mènent admirablement, depuis le 22 février, les Algériens. Ni l'élection d'Abdelmadjid Tebboune à la magistrature suprême ni la disparition du chef de l'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, n'ont réussi à dissuader les hirakistes de poursuivre la contestation. En effet, les artères du centre d'Alger ont fortement vibré, hier, au rythme de la manifestation hebdomadaire, à l'occasion du 45e vendredi consécutif de mobilisation qui coïncide avec la commémoration du 62e anniversaire de l'assassinat d'une des figures de la Révolution de Novembre, Abane Ramdane. Brandissant des portraits du concepteur du mot d'ordre historique "la primauté du politique sur le militaire", des dizaines de milliers de marcheurs venus de Bab El-Oued, d'El-Harrach, du Télémly, de Hassiba-Ben Bouali, de Belcourt, de Didouche-Mourad, criaient en chœur : "Abane Ramdane nous a laissé un testament : Etat civil, non militaire", ou encore que "Dieu ait ton âme ya Abane". "Ya Abane, ya Ramdane, nous sommes venus de notre propre gré, on ne nous a pas ramenés dans des bus". Les premiers cortèges de manifestants se sont d'abord ébranlés depuis la rue Victor-Hugo, à la sortie des fidèles de la prière du vendredi. La foule grossissait au fur et à mesure que les minutes passaient et qu'elle avançait vers les nouveaux lieux emblématiques de rassemblement. Drapés dans l'emblème national, des jeunes, des moins jeunes, des vieux, des femmes, dont plusieurs étaient accompagnées de leurs enfants, battaient inlassablement le pavé des rues Asselah-Hocine, Mohamed-Khemisti, Docteur-Saâdane, du 19-Mai-1956, en remontant l'artère symbolique du hirak, la rue Didouche Mourad. Ils ont, une nouvelle fois, prouvé que la "silmya" se poursuivra jusqu'à ce que le flambeau du pouvoir passe aux mains du peuple tel que le stipulent les articles 7 et 8 de la loi fondamentale. Ils ont clairement rejeté l'offre en scandant"La souveraineté devra revenir au peuple". Des portraits des détenus politiques ont été également déployés tout au long du parcours.