Reçu hier par le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, l'ancien chef de gouvernement Ahmed Benbitour ne s'est pas prononcé officiellement sur les détails de cette audience, se contentant d'indiquer, selon des sources proches de lui, qu'il s'agissait d'une simple rencontre de concertation et d'échange de points de vue sur la situation globale du pays. Dans un communiqué officiel, diffusé hier par l'APS, la présidence de la République a, pour sa part, souligné que le président Abdelmadjid Tebboune a reçu l'ancien chef de gouvernement dans la cadre d'une "rencontre de consultation", qui a permis, est-il noté dans le communiqué, de passer en revue la situation générale du pays, sa situation économique, ainsi que "les perspectives d'une action sérieuse pour la mobilisation des compétences nationales et des bonnes volontés en vue d'asseoir les bases de la nouvelle République". Intervenant dans un contexte politique particulièrement sensible, où le nouveau président de la République poursuit ses consultations en vue de désigner son staff et ses collaborateurs, cette rencontre, plutôt inattendue, donne lieu à de nombreuses interrogations quant aux possibilités d'un rapprochement ou d'une forme de collaboration à prévoir entre l'ancien chef de gouvernement et le nouveau chef de l'Etat et sa future équipe gouvernementale. Réputé pour être un économiste averti et reconnu, Ahmed Benbitour est également considéré comme l'une des grandes figures politiques activant dans l'opposition depuis sa démission de son poste de chef de gouvernement au tout début du règne de l'ex-président déchu Abdelaziz Bouteflika, avec lequel il était en grande divergence sur la gestion de certains dossiers économiques. Depuis le début du mouvement de contestation du 22 février, Ahmed Benbitour a constamment pris position en faveur des revendications populaires, rejetant ainsi les différentes initiatives de dialogue lancées par le pouvoir et mettant en avant l'idée d'ouvrir plutôt des négociations pour satisfaire aux exigences de changement politique exprimées par des millions de citoyens à travers des manifestations pacifiques. À la veille du scrutin contesté du 12 décembre 2019 qui, malgré un taux d'abstention historique, a vu l'élection d'Abdelmadjid Tebboune à la tête de l'Etat, Ahmed Benbitour a pris part à une déclaration signée par 19 personnalités politiques très en vue, dont Ali Yahia Abdenour, Ahmed Taleb Ibrahimi et Abdelaziz Rahabi, appelant "les tenants du pouvoir à renoncer aux discours provocateurs, à l'usage du langage de la menace et à cesser d'accuser de trahison tout citoyen porteur d'une opinion contraire à celle du pouvoir…". Les signataires de la déclaration avaient, par ailleurs, considéré que l'élection du 12 décembre n'était qu'une étape parmi d'autres que le hirak devait "traverser avec succès", en préservant surtout son caractère pacifique et son "épopée rassembleuse". Akli Rezouali