L'organisation patronale demande, aussi, de surseoir aux nouvelles dispositions contenues dans la note de l'Abef concernant l'importation des produits électroménagers et de téléphonie. Le modèle sur lequel s'est construite l'économie algérienne est à bout de souffle. C'est du moins ce que relève le Forum des chefs d'entreprise dans un document, sur "les mesures d'urgence pour la sauvegarde des entreprises et la promotion des nouvelles activités". Dans ce document, remis à l'ancien gouvernement Bedoui, l'organisation patronale évoque deux enjeux majeurs de l'économie algérienne : le premier est celui de la vulnérabilité de l'économie et le deuxième concerne la compétitivité économique du pays. Le FCE, qui compte remettre le document au nouveau Premier ministre, souligne que les politiques économiques basées sur la dépense publique n'ont produit qu'une croissance modeste. Les politiques industrielle, commerciale, technologique et financière n'ont pas transformé la structure de l'économie et encore moins amélioré sa compétitivité. L'association patronale pointe une productivité des facteurs très faibles, un secteur public en difficulté, un secteur privé fragile, composé essentiellement de TPE et PME encore vulnérables dans la compétition internationale. Le FCE souligne la nécessité de stopper la dégradation de l'activité économique et des pertes d'emplois. Pour l'association patronale le principal défi pour l'économie est de renforcer sa résilience à la volatilité des prix des hydrocarbures, à la fois en atténuant l'impact de cette volatilité sur le budget et en diversifiant les leviers et les ressources de la croissance. L'organisation patronale plaide, également, pour l'instauration d'un cadre de concertation, de transparence et d'efficacité. "Dans ce cadre les institutions, comme le Cnes, le Conseil national de recherche, les Chambres de commerce et d'industrie, les comités sectoriels, doivent être réhabilitées et modernisées", suggère le FCE, qui a engagé "une réflexion sur les mesures urgentes à prendre pour à la fois, sauvegarder les entreprises qui connaissent présentement des difficultés et promouvoir de nouvelles activités porteuses de croissance à moyen terme". Le FCE indique que les entreprises sont confrontées à des difficultés de financement de leur cycle d'exploitation. Du coup, l'association patronale propose la négociation avec les pouvoirs publics d'un rééchelonnement de la dette à court et moyen termes des entreprises en activité. Elle avance, aussi, la nécessité d'instruire les banques pour accorder à ces entreprises des facilités dans le cadre du financement de l'exploitation en fonction des besoins particuliers de chaque entreprise. Pour le traitement de l'endettement, le FCE demande la réactivation du dispositif de rééchelonnement des dettes déjà mis en œuvre en 2012. L'organisation patronale suggère, également, l'application d'un moratoire d'une à deux années et l'étalement du principal sur une période d'une à trois années selon le degré d'endettement de l'entreprise. Elle souhaite, en outre, l'application du même dispositif pour les dettes parafiscales au niveau des caisses de sécurité sociale. Le FCE propose, enfin, la mise en place d'un dispositif pour traiter les découverts bancaires qui, pour certaines entreprises, représentent 30% du chiffre d'affaires. L'organisation patronale s'est, par ailleurs, penchée sur les effets de la note de l'Abef en matière d'importation des intrants industriels. Pour rappel, la note de l'Abef porte sur la substitution au paiement cash des importations par le recours au différé de paiement de neuf mois, sans que celui-ci excède une année, s'agissant des opérations portant sur des appareils électroménagers (les produits blancs et les produits gris) et de téléphonie, l'usage exclusif de l'incoterm FOB et l'appel prioritaire au pavillon national pour le transport des marchandises. "L'analyse coûts-avantages montre que la substitution du paiement cash des importations des kits SKD-CKD par paiement différé de neuf mois comporte plusieurs risques qui impactent toutes les activités économiques et la filière électronique et électroménager en particulier", avertit le FCE qui demande de surseoir aux nouvelles dispositions contenues dans la note de l'Abef. L'organisation patronale estime qu'il faut laisser le choix aux opérateurs de négocier la durée du crédit qu'ils peuvent obtenir de leurs fournisseurs.