Dans un document, portant sur les "mesures d'urgence pour la sauvegarde des entreprises et la promotion de nouvelles", le Forum des chefs d'entreprise (FCE) expose les conséquences de l'application de la note de l'Abef sur les entreprises concernées directement mais aussi celles qui se situent en relation avec elles, citant les fournisseurs, les sous-traitants et les clients. Pour rappel, dans un souci de rationalisation de l'utilisation des réserves de changes dans les opérations d'importations d'intrants pour l'économie, les pouvoirs publics ont décidé d'introduire des mesures, jugées "radicales" et "de manière coercitive sans laisser le temps d'adaptation aux entreprises". Ces nouvelles dispositions portent sur des exigences en matière de paiement des importations, qui doit être différé de 9 à 12 mois, l'usage exclusif de l'incoterm FOB et l'appel prioritaire au pavillon national pour le transport des marchandises. Pour le FCE l'impossibilité pour la quasi-totalité des opérateurs économiques d'obtenir des crédits fournisseurs de 9 et 12 mois est un risque réel de compromettre les livraisons des commandes engagées à ce jour. "La perspective réelle de rupture des livraisons de kits et l'arrêt qui impactera le niveau des activités ou même l'arrêt total de celles-ci aura un effet sur l'emploi" avertit l'organisation patronale qui estime à cet effet une mise au chômage de plus de 40 000 employés. Au cas où certains fournisseurs accéderaient à la demande d'un différé, "celui-ci sera pris en charge par un crédit bancaire local qui va impacter le prix facturé de 7 à 8%", ajoute le FCE. L'association patronale indique, par ailleurs, que l'exigence de l'utilisation de l'incoterm FOB et sa généralisation pour l'ensemble des opérations d'importation réduira significativement le pouvoir de négociation des opérateurs algériens avec leurs partenaires étrangers. Selon le FCE, "actuellement, l'opérateur algérien trouve plus de facilités à négocier ses lignes de crédit pour ses opérations d'importations où sont intégrés les frais de transport et opérations logistiques en amont". L'imposition du FOB, exclut le transport maritime des lignes de crédit pour l'importation et implique l'obligation de recourir à la trésorerie et aux fonds propres pour faire face au coût du transport ou alors la négociation d'autres crédits. Concernant le recours, en priorité, aux capacités nationales de transport maritime, le FCE relève que la Cnan, dont la part de marché est estimée à environ 4%, généralement spécialisée dans le transport en vrac, n'a pas la capacité de prendre en charge la totalité du flux d'importations de l'Algérie. Les armateurs maritimes étrangers, estime l'association patronale, "ne sont, a priori, pas disposés à encaisser tous les volumes actuels de fret en dinars, étant donné les difficultés qu'ils rencontrent pour rapatrier ces revenus à 90% via le compte d'escale". Par ailleurs, les armateurs appliquent, généralement, une majoration de 10 à 15% quand le fret est payable en Algérie.