Elles ont été contractées au pavillon où ils étaient hospitalisés. Le pôle pédiatrique Bouattoura relevant du CHU Sâadna-Abdennour de Sétif a enregistré à la fin de la semaine dernière la propagation d'infections nosocomiales chez dix enfants malades qui y ont séjourné. L'état de santé des enfants qui ont présenté des symptômes d'une infection, dont des douleurs et de la fièvre, a créé un mouvement de panique inhabituel chez les médecins et les parents des enfants hospitalisés. Même si l'état de santé des patients est hors de danger, l'intervention des différents responsables chargés de l'hygiène hospitalière s'impose. Il s'agit notamment du directeur général du CHU, qui doit mettre les moyens nécessaires à la disposition des différents intervenants, tout en veillant à la stricte application des lois et des mesures d'hygiène dans les différents services. En attendant les résultats de l'enquête ouverte par les éléments de la police judiciaire relevant de la Sûreté de la wilaya de Sétif, les professionnels de la santé pointent un doigt accusateur vers l'absence d'un plan spécial visant à réduire ces infections qui apparaissent généralement plus de 48 heures après l'hospitalisation des malades. Selon des médecins spécialistes, l'enregistrement de ces cas, voire de ces infections associées aux soins, remet sur la table la problématique de l'hygiène dans les structures de santé publiques et privées en général et au CHU Sâadna-Abdennour en particulier. Durant les trois dernières années, plusieurs cas ont été enregistrés sans pour autant que les responsables bougent le petit doigt. "Les patients souffrent souvent et meurent, dans le silence total, des complications des infections nosocomiales. Nous avons encore dans l'esprit les cinq cas d'endophtalmie aiguë enregistrés au service d'ophtalmologie du CHU de Sétif, les cas de complication chez des patients ayant bénéficié d'implant cochléaire au service ORL de la même structure, ainsi que la fermeture dernièrement du bloc opératoire du service de neurochirurgie et les infections à la chirurgie infantile et au bloc opératoire du service de chirurgie générale", nous dira un paramédical. Et de renchérir : "Le Clin (Comité de lutte contre les infections nosocomiales) doit être opérationnel car, jusqu'à ce jour, il n'existe que sur le papier." Il est à souligner que, selon le ministère de la Santé, le taux de prévalence en 2012 variait entre 12% et 15%, un taux qui, selon les praticiens, est loin de refléter la réalité du terrain, mais qui est déjà très élevé par rapport à ceux observés dans les pays développés qui sont très proches de nous. Dans les structures de santé, l'hygiène brille par son absence, la situation est chaotique, au point où les règles d'hygiène les plus élémentaires sont bafouées. "Dans nos structures, il y a l'absence de gants, de solutions de désinfection, de lavabos et de sanitaires, sans parler du comportement qu'on peut qualifier d'irresponsable du personnel", nous dira un médecin, qui a tenu à souligner que, souvent, les médecins-chefs ne déclarent pas les infections dans leurs services. De son côté, un paramédical a indiqué que le personnel ne bénéficie qu'une fois par an de la tenue de travail, et parler de produits pour la désinfection des mains, du sol et de l'air, de frictions hydroalcooliques ou de réactifs de laboratoire pour la culture et la détection des germes est une chimère.