Une statue commémorative à l'effigie d'une des figures emblématiques de la Révolution 54-62, le chahid Didouche Mourad, chef de la wilaya II historique, a été inaugurée, hier, à Aguni u Cherki, commune d'Aghribs à Tizi Ouzou, en l'absence des autorités officielles. Le coup d'envoi de cette journée commémorative, qui a coïncidé avec le 65e anniversaire du décès de Didouche Mourad, tombé au champ d'honneur le 18 janvier 1955 à Constantine, a été donné depuis son village natal à Ibskrienne, par une visite guidée du village et de la maison familiale de Didouche, suivie par le dépôt d'une gerbe de fleurs au monument du chahid Si Abdellah, au même village, et par des témoignages. Le programme de la manifestation s'est poursuivi au chef-lieu d'Aghribs où un semi-marathon, qui a regroupé une vingtaine de wilayas, a été organisé avant de procéder à l'inauguration de la statue réalisée à l'effigie de Didouche Mourad, en présence d'une imposante foule composée de quelques membres de sa famille, d'élus, de la famille révolutionnaire et de citoyens. S'exprimant à l'occasion de cette inauguration, le président de l'APC d'Aghribs, Amirouche Messis, a souligné que "Didouche Mourad, qui est né à Ibskrienne, a vécu à Alger et est tombé en martyr à Constantine, représente un trait d'union entre les quatre coins de l'Algérie". "Ce monument est un hommage historique et une occasion aux jeunes de notre génération, et les générations futures, de connaître le sacrifice de tous ces hommes et femmes, qui ont donné leur vie pour leur pays", a-t-il déclaré estimant que "c'est, aujourd'hui, à nous tous de nous sacrifier encore davantage pour arracher notre liberté confisquée depuis bien longtemps". Prenant la parole, le président de l'APW, Youcef Aouchiche a qualifié Didouche Mourad de "repère qui a combattu pour une Algérie unie et indivisible". Le journaliste et chercheur en histoire Oubtroune Mountasser a, pour sa part, souligné que "Didouche Mourad était un grand militant que l'histoire officielle à malheureusement marginalisé". "Mais avec cet hommage à Didouche et ce monument réalisé à Aghribs, c'est tout le peuple algérien qui est en train de se réapproprier son histoire qui a été toujours instrumentalisée par le pouvoir politique", a-t-il poursuivi non sans rappeler que "Didouche était peut-être le plus jeune en âge, mais qu'en mentalité, c'était un stratège et un idéologue qui a combattu pour une Algérie entière, unie et indivisible". À noter que cet hommage populaire rendu à Didouche Mourad s'inscrit en droite ligne de la philosophie du mouvement populaire qui est de se réapproprier et les dates historiques et la mémoire des figures de la Révolution que le pouvoir tente de faire oublier sinon de manipuler pour faire croire à sa légitimité. Mais depuis le 22 février, le peuple qui a pris possession de la rue, ne cesse de rappeler aux tenants du pouvoir leur illégitimité tout en rendant des hommages, chacun à la date de sa mort ou de son assassinat, à ces figures de la Révolution dont l'idéal pour lequel ils se sont sacrifiés a été trahi.