Les pouvoirs publics ont remis au goût du jour, en ce vendredi acte 48 de la révolution citoyenne, le recours, encore une fois, à l'une des méthodes répressives largement usitée pendant des mois : l'arrestation des activistes les plus visibles. La mesure est donnée dès le milieu de la matinée. Une dizaine d'irréductibles de la marche hebdomadaire sont interpellés à proximité de la mosquée Errahma, à quelques encablures de la Place Audin. Deux d'entre eux, Amine Bensaïd et Farid Boughida, ont été placés en garde à vue au commissariat Cavaignac, les autres ont été relâchés en fin de journée. Zoheir Aberkane, reporter photographe dans un quotidien national, est également conduit au commissariat du 6e arrondissement, vers 11h. Il y passera quelques heures. On lui reproche, selon son propre compte rendu, la diffusion, à son insu, de ses "lives" sur la chaîne Awrass TV. Il devrait se présenter, devant le juge d'instruction, pour s'expliquer sur cette accusation, a-t-il communiqué. Son téléphone a été confisqué. Vers 17h30, l'alerte est donnée sur l'arrestation de plus de 40 militants, parmi lesquels des ex-détenus d'opinion remis en liberté provisoire depuis le 2 janvier dernier ou en sursis après avoir purgé une peine d'emprisonnement de six mois fermes. Il s'agit notamment de Hakim Addad, membre fondateur de l'association RAJ, Hakim Mouhoubi, Réda Bouarissa et Walid Aouissi, poursuivis pour port de l'emblème amazigh ainsi que Samir Larabi, militant du PST et Zaki Hanache. Ces derniers ont été relâchés, au même titre que Slimane Khemous, maire de la commune de Souk El-Thenine, dans la wilaya de Tizi Ouzou, auditionné sur PV au commissariat de Baraki puis libéré. Ahcène Aït-Ouraba, lui, n'a pas eu cette chance. Il a été placé en garde à vue au commissariat Cavaignac, puis transféré hier au commissariat du 5e arrondissement. C'est le cas également pour Kamel Nemiche, vice-président du RAJ, Mokrane Laouchdi, militant de ladite association, le Dr Djamel Oulmane, hirakiste de la première heure, Zoheir Kadam, Djamel Sellami, Missoum Zarrouk, Yacine Benmessaoud, Bilal Khouache et Saïd Belkaïd, mais aussi Mustapha Atoui, président de l'ANLC (Association nationale de lutte contre la corruption). Au total, quinze manifestants seront présentés, aujourd'hui devant le procureur de la République près le tribunal de Sidi M'hamed, où ils devront répondre de "griefs" tels que "attroupement non armé" et, pour l'un d'eux, "port de la bannière amazighe". Le CNLD (Comité national pour la libération des détenus) organise, ce dimanche, un rassemblement devant le palais de justice de la rue Abane-Ramdane, en soutien aux personnes arrêtées. Par ailleurs, le secrétariat national du Parti des travailleurs a dénoncé, dans un communiqué rendu public hier, "les arrestations arbitraires". Il a exprimé une vive inquiétude face à "la persécution qui frappe les militants engagés dans la révolution", exigeant "la libération immédiate et inconditionnelle" de tous les détenus politiques et d'opinion.