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“De larges concessions ont été accordées à l'Union européenne” M. Rebrab, patron de Cevital, tire la sonnette d'alarme sur les effets de l'accord d'association
L'arrangement fragilisera l'outil de production, provoquera une hémorragie de devises sur une courte période pour l'économie et entraînera une flambée des cours du sucre sur le marché international. Le P-DG du groupe Cevital M. Issad Rebrab a présenté, hier, lors de l'installation de la commission technique de suivi de la mise en œuvre de la zone de libre-échange avec l'Union européenne au siège de la Chambre algérienne du commerce et d'industrie un exposé sur l'impact de l'accord d'association conclu avec l'UE sur la filière sucre blanc. Le premier responsable de Cevital a déclaré : “Nous sommes pour le respect des engagements internationaux du gouvernement vis-à-vis de nos partenaires étrangers”, en évoquant l'accord d'association signé avec l'Union européenne le 22 avril 2002 à Valence. Il a estimé qu'“il y a déséquilibre dans les concessions accordées entre les deux parties laissant apparaître un avantage flagrant pour l'Union européenne notamment pour les produits céréaliers, les pommes de terre, les confitures et le sucre blanc”. L'accord d'association est un accord à sens unique puisqu'il n'y a pas de réciprocité dans le traitement accordé aux produits algériens sur le marché européen. Il a affirmé, par ailleurs, que “l'accord d'association détaille de manière excessivement précise, les critères imposés à l'Algérie pour la détermination de l'origine. Ce cadre rigide annihile en grande partie, nos avantages comparatifs et limite nos possibilités d'exportation de produits transformés vers l'UE”. L'Algérie a obtenu, également, des facilités pour l'exportation de certains produits comme le whisky, le cognac, Brandy, Calvados et les fruits tropicaux alors qu'elle n'est pas productrice de ces produits, martèlera-t-il. L'accord d'association doit être appliqué, souligne M. Rebrab, d'une manière intelligente pour ne pas perturber le marché national. En évoquant le cas du sucre blanc, il a affirmé que “l'accord prévoit des avantages énormes pour l'Union européenne sans contrepartie”. Il s'agit, selon M. Rebrab, de l'octroi à l'UE d'un contingent de 150 000 tonnes de sucre blanc à l'exportation vers l'Algérie avec une exonération totale des droits de taxation sans qu'elle n'ait la même possibilité sachant qu'elle sera en position exportatrice à partir de juillet 2006. L'Union européenne impose une taxe de 400 euros la tonne sur le sucre blanc, ce qui représente 200% de sa valeur. Il a cité, aussi, l'inexistence d'aucune limitation de contingent par l'Algérie pour l'année 2005 alors que l'UE applique le principe de la proportionnalité par rapport à la période restant à courir entre la date d'entrée en vigueur de l'accord et la fin de l'exercice pour la détermination de la quantité exportable en 2005. De ce fait, M. Rebrab a soutenu qu'“il y a une situation de concurrence déloyale au détriment de la production nationale sachant que l'UE subventionne son sucre à l'exportation à hauteur de 70% de sa valeur soit près de 350 euros la tonne et le producteur national doit supporter des taxes à l'importation de 5% pour les matières premières”. Et pour cause, l'Union européenne maintient sa politique restrictive et protectionniste définie dans le cadre de la politique agricole commune à travers des barrières tarifaires sous forme de droits spécifiques pour protéger ses filières agricoles et agroalimentaires, notera-t-il. Il a expliqué que “l'application du système premier arrivé premier servi est préjudiciable à l'Algérie, car il entraînera un rush des importateurs spéculant sur cette opportunité et aboutira à une importation massive pouvant atteindre 3 fois le contingent accordé soit environ 450 000 tonnes, pour une arrivée courant septembre 2005, représentant près de 6 mois de consommation nationale”. L'Union européenne fait, donc, du dumping en vendant à perte son sucre blanc. D'où la concurrence déloyale. Cette situation impliquera, selon M. Rebrab, l'arrêt prolongé de la production nationale avec le risque de fragilisation de cette filière au plan national, la flambée des cours du sucre blanc à la Bourse de Londres avec des surcoûts prévisibles pour les importateurs, une hémorragie de devises considérable sur une courte période et une déstabilisation durable du marché national. La suppression de 30% de droit de douane ne profite pas, selon M. Rebrab, au consommateur algérien mais aux exportateurs européens puisque l'UE a augmenté le prix du sucre de plus de 22% et la prime du sucre blanc sur le marché international. Il a proposé certaines mesures internes pour amoindrir les effets négatifs de l'accord d'association dont la détaxation totale du sucre roux pour les producteurs nationaux, l'abandon du système premier arrivé premier servi. Plus explicite, il a suggéré la vente aux enchères du contingent comme cela se fait en Russie et en Union européenne. Cette mesure permettra de rétablir une certaine forme d'équité dans la concurrence avec les opérateurs européens et facilitera la régulation du marché national du fait de l'expérience que les producteurs nationaux capitalisent dans la distribution du sucre. Il a révélé que “si le marché national est inondé par les exportateurs européens, Cevital sera obligé de vendre son sucre sur d'autres marchés autres qu'européens du fait de la taxe de 200% imposée aux producteurs algériens, alors que l'Enasucre aura d'énormes difficultés pour s'imposer”. Et d'ajouter : “Nous pourrons préserver les milliers d'emplois et rentabiliser les unités de production avec une simple mise à niveau pour augmenter leur productivité et leur compétitivité en ayant seulement des accords équitables.” Les opérateurs algériens peuvent se battre, dira-t-il, pour leur compétitivité sur le marché national et international. Faïçal. M