La représentante de l'ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, a affirmé que l'absence de réponse aux demandes des manifestants ne ferait qu'alimenter "la colère et la méfiance". Au lieu de répondre par des mesures d'apaisement, les autorités irakiennes ont choisi la répression meurtrière contre le mouvement de contestation, qui boucle la semaine prochaine quatre mois de mobilisation citoyenne inédite contre le régime, rejeté et accusé de corruption et d'incompétence. Un manifestant a été tué encore hier à Bagdad, après avoir reçu un tir de gaz lacrymogène, dans la rue Mohammad al-Qassem, dans l'est de la capitale. La veille, au moins trois autres manifestants ont été tués par balles réelles, toujours dans la capitale, après l'intervention violente des forces antiémeute contre la foule, rassemblée en grand nombre pour réclamer le départ de toutes les figures du régime. Au moins cinquante manifestants ont été par ailleurs blessés, certains grièvement, selon les médias irakiens. Ces événements, qui font craindre un basculement de la contestation dans une violence généralisée, interviennent, rappelle-t-on, après l'expiration, dimanche au soir, du délai fixé aux dirigeants du pays par la rue afin de répondre aux revendications des contestataires. Le régime acculé a choisi le pourrissement. Hier encore, les forces de l'ordre ont fait usage d'une extrême violence contre les protestataires à Kerbala, dans le sud du pays, où une dizaine de blessés ont été dénombrés, après que la police antiémeute a tiré à balles réelles sur les manifestants. D'autre part, selon des témoins cités par des médias locaux, des hommes en civil, armés, et des milices ont refait leur apparition au milieu de la foule dans la capitale pour intimider vainement les manifestants. À Bassora ou à Nassiriya, dans le sud du pays, les protestataires ont bloqué hier les principaux axes routiers de la ville avec des barricades. Les manifestants ont réclamé, outre l'appel à des élections, une réforme de la loi électorale, la désignation d'un Premier ministre indépendant, la fin de la corruption, et exigent la fin du système politique de répartition des postes en fonction des ethnies et des confessions. Les protestataires ont appelé également à ce que cesse l'ingérence du voisin iranien. "Toutes les mesures prises jusqu'à présent pour répondre aux inquiétudes de la population resteront dérisoires si elles ne sont pas mises en œuvre", a averti la représentante de l'ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, dans un communiqué. Depuis octobre, 460 personnes ont perdu la vie dans les violences liées le plus souvent à la répression des manifestations et 25 000 ont été blessées, selon des ONG, alors qu'un centre de documentation irakien de crime de guerre a révélé la semaine dernière que le nombre de manifestants tués avoisine les 670.