Le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a promis une série de réformes sociales mais qui tardent à se concrétiser sur le terrain. Des milliers d'Irakiens sont sortis hier dans les rues, pour une nouvelle journée de mobilisation, réclamer le départ du régime après deux jours de violences ayant causé la mort de 63 personnes. Ce décompte s'ajoute aux 157 personnes tuées du 1er au 6 octobre, par des balles réelles. Hier, la place Tahrir, épicentre de la contestation, dans la capitale Bagdad, a été envahie dès la matinée par les manifestants qui ont installé des tentes et appelé au départ de la classe dirigeante, accusée de corruption. "On veut la chute du régime ! Qu'on les arrache tous par la racine !", ont lancé les manifestants, cités par des médias. Des écoliers et des étudiants ont rejoint les députés du leader chiite Moqtada Sadr qui ont entamé la veille un sit-in illimité devant le Parlement. Ces derniers ont assuré hier à des médias locaux qu'ils maintiendront leur sit-in jusqu'à ce que soient "satisfaites les revendications" des manifestants, accentuant ainsi la pression sur le gouvernement de Adel Abdel Mahdi. Depuis jeudi soir, des attaques nocturnes contre des QG de partis politiques dénoncés par les manifestants se sont multipliées. Dans le sud du pays notamment, des dizaines de sièges de partis, de bureaux de députés et surtout des QG des factions armées de Hachd al-Chaabi, coalition de paramilitaires alliée du gouvernement irakien, ont été incendiés. Le Premier ministre Adel Abdel Mahdi et le chef du Parlement irakien Mohammed al-Halboussi ont promis depuis le début de la contestation une série de réformes sociales mais qui tardent à se concrétiser sur le terrain. Le Premier ministre irakien a annoncé notamment la réforme du système d'attribution des postes de fonctionnaires et la révision à la baisse de l'âge des candidats aux élections dans un pays où 60% de la population a moins de 25 ans. Toutefois, les protestataires rejettent en bloc les mesures sociales annoncées. Ils veulent, selon les médias sur place, une nouvelle Constitution et une classe politique entièrement renouvelée, alors que l'Irak est classé douzième pays le plus corrompu au monde. "On demande leur départ, ni Halboussi ni Abdel Mahdi", ont entonné hier les manifestants en réponse aux dirigeants, tout en exprimant leur détermination à aller jusqu'au bout de leurs revendications. Vendredi, le grand ayatollah Ali Sistani, plus haute autorité religieuse chiite d'Irak, a appelé à la réforme et à la lutte anticorruption, tandis que le leader chiite Moqtada Sadr a réclamé début octobre la démission du gouvernement et de nouvelles élections. En réaction à la situation explosive en Irak, la Mission d'assistance des Nations unies pour l'Irak (Manui) a exprimé avant-hier sa profonde inquiétude face aux "tentatives d'entités armées visant à porter atteinte à la stabilité de l'Irak". Ainsi, la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations unies pour l'Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, "regrette profondément et condamne les nouvelles pertes en vies humaines et les blessures, et dénonce fermement la destruction de biens publics et privés", selon un communiqué de la Manui.