L'ONG Amnesty International a dit craindre un "bain de sang" et a appelé les autorités irakiennes à "ordonner immédiatement la fin de l'usage de la force brutale" contre les manifestants. Des milliers de personnes se sont rassemblées hier, pour le 17e jour consécutif, à Bagdad et dans plusieurs villes du pays, défiant le Premier ministre Adel Abdul-Mahdi et plusieurs partis politiques acquis au régime, après que ces derniers ont appelé, la veille, à mettre fin à la contestation "en usant de tous les moyens nécessaires". Face aux manifestants, les forces de l'ordre sont intervenues hier brutalement, encore une fois, en lançant des gaz lacrymogènes contre les contestataires, alors que des médias locaux ont rapporté que les forces de sécurité ont fait usage de coups de sommation à balles réelles dans la matinée. Les manifestants n'ont pas pour autant été découragés et promis au contraire de maintenir la protestation dans la rue. "Les autorités tentent une approche sécuritaire dans le but de casser notre mouvement en faisant peur aux gens. Nous refusons cette solution et continuerons à occuper la rue pacifiquement jusqu'à satisfaction de nos revendications légitimes", ont scandé les manifestants, cités par des médias locaux. La veille, 7 manifestants ont été tués ; 4 personnes ont trouvé la mort samedi soir à Bagdad après l'intervention brutale des forces de l'ordre pour disperser les protestataires rassemblés à la place Khalani près de la place Tahrir, dans la capitale ; 3 autres manifestants ont été tués cette fois par balles réelles à Bassora, dans le sud du pays. La mort de ces personnes, qui s'ajoute aux 300 personnes tuées depuis le début de la contestation, est intervenue après un accord politique au plus haut niveau pour en finir avec la contestation populaire. Craignant une répression féroce des rassemblements, des organisations de défense des droits de l'homme ont appelé hier les autorités irakiennes à cesser l'usage de la violence contre la population en colère. Dans un communiqué publié hier, Amnesty International a dit craindre un "bain de sang" et a appelé les autorités irakiennes à "ordonner immédiatement" la fin de l'usage de la force brutale contre les manifestants pacifiques. L'ONG a constaté en outre que "de nombreux militants et médecins soutenant les manifestants se disent visés par une campagne d'arrestations, d'enlèvements et d'intimidations menée par les forces de l'Etat et des groupes armés". Amnesty International a souligné par ailleurs que "toutes les promesses de réforme ou d'enquête du gouvernement n'avaient aucune signification, les forces de sécurité continuant de tuer des manifestants". La représentante de l'ONU en Irak, Jeanine Hennis-Plasschaert, a dit recevoir "chaque jour des informations sur des manifestants tués, enlevés, arrêtés arbitrairement, passés à tabac ou intimidés". Dénonçant un "climat de peur", elle a estimé qu'aujourd'hui en Irak, "les droits fondamentaux" étaient "constamment violés".