Le président Abdelmadjid Tebboune avait affirmé dimanche à Berlin que l'Algérie était prête à accueillir un dialogue interlibyen, dénonçant toute ingérence étrangère dans ce conflit. Alger accueillera aujourd'hui une réunion des chefs de la diplomatie des six pays voisins de la Libye, a indiqué le ministère des Affaires étrangères (MAE) dans un communiqué. "Sur initiative de l'Algérie, une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays voisins de la Libye, avec la participation de la Tunisie, de l'Egypte, du Soudan, du Tchad et du Niger, se tiendra ce jeudi (aujourd'hui) à Alger", lit-on dans le communiqué du MAE. Le Mali est aussi invité, même s'il ne partage pas de frontière avec la Libye, précise le communiqué du MAE, expliquant la présence de Bamako à cette réunion par "les retombées de la crise libyenne sur ce pays voisin". Cette réunion s'inscrit dans le cadre des "intenses efforts (menés par l'Algérie, ndlr) pour la consolidation de la coordination et la concertation entre les pays du voisinage de la Libye et les acteurs internationaux afin d'accompagner les Libyens dans la dynamisation du processus de règlement politique de la crise à travers un dialogue inclusif et de permettre à ce pays frère et voisin de sortir de la situation difficile qu'il vit et de construire un Etat des institutions où prévaudront la sécurité et la stabilité", explique le communiqué en question. La réunion d'aujourd'hui est un prolongement de l'intervention du président de la République Abdelmadjid Tebboune lors de la Conférence internationale de Berlin sur la Libye, qui a eu lieu dimanche sur initiative de l'Allemagne et sous l'égide de l'ONU. Le chef de l'Etat avait affirmé que l'Algérie était prête à accueillir un dialogue inter-libyen dans l'espoir de mettre fin à une guerre qui dure depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi, tué fin 2011, après des mois de révolte populaire réprimée par Tripoli dans le sang. Après avoir quasiment perdu l'esprit d'initiative sur le dossier libyen, l'Algérie tente, en effet, de reprendre les choses en main et de s'affirmer, en tant que pays voisin, comme un acteur incontournable dans la gestion du processus politique en Libye, à l'arrêt depuis des années. Alger affirme rester à équidistance entre les parties libyennes et soutenir le dialogue politique, mais l'ingérence directe ou indirecte de quelques pays voisins, ou leur laxisme face à la gravité de la crise en Libye, risque d'entraîner toute la région de l'Afrique du Nord et du Sahel dans une instabilité durable. Les répercussions d'une telle instabilité risquent aussi d'impacter l'Europe, même si certains pays membres sont aussi coupables que l'Egypte, la Russie, la Turquie, le Qatar, les Emirats arabes unis, la Jordanie et l'Arabie Saoudite, du chaos actuel en Libye, après leur intervention contre l'ancien régime en 2011, sous la bannière de l'Otan et sous le couvert de l'"urgence humanitaire". À noter que la réunion d'Alger intervient dans un contexte marqué par une reprise hier des raids aériens des troupes de Khalifa Haftar, qui ont ciblé de nouveau l'aéroport de Mitiga à Tripoli, poussant à l'annulation de tous les vols jusqu'à nouvel ordre. Ces raids sont le signe de l'absence d'une réelle volonté du pouvoir parallèle de l'Est libyen de renouer le dialogue politique avec le Gouvernement d'union nationale à Tripoli (GNA), internationalement reconnu.