Un nouveau coup de semonce américain à l'ONU. Avant le sommet de New York où doit être présentée, mi-septembre, la réforme des Nations unies, Washington pose ses conditions. Selon le New York Times, les Etats-Unis souhaitent la renégociation de l'ambitieuse refonte voulue par le secrétaire général, Kofi Annan. L'initiative américaine figure dans un document confidentiel (le document Bolton) que le nouvel ambassadeur John Bolton a commencé à distribuer et qui propose pas moins de 750 amendements au projet onusien. Le document indique clairement les priorités de Washington pour la “nouvelle ONU”. En tête des priorités, la lutte contre le terrorisme, guerre dans laquelle l'ONU devait s'engager entièrement. L'objectif est de lever toute ambiguïté entre actions terroristes et lutte de résistance radicale que des mouvements sont contraints d'adopter face aux intransigeances de leurs occupants ou devant des régimes dictatoriaux. Bush, fidèle à lui-même, insiste davantage sur la protection des Etats et des pouvoirs qui lui sont fidèles que sur la protection des civils et le strict respect des droits de l'Homme.Il veut aussi que le document présenté le mois prochain à New York mentionne explicitement la volonté des Etats membres de s'engager dans la négociation d'une nouvelle convention sur le terrorisme, qui sera rédigée par lui. Dans le même ordre d'idées, Washington veut remplacer la Commission onusienne des droits de l'Homme, largement discréditée, par un conseil composé uniquement de “bons élèves” de la démocratie. En réalité, les Etats-Unis visent la remise à plat du management de l'ONU, dont les méthodes de travail et le fonctionnement devraient se conformer à ceux en usage dans l'Administration américaine ! Touchant à tous les aspects du vaste chantier ouvert par Kofi Annan, les 750 amendements du document Bolton visent explicitement à conformer l'ONU aux intérêts américains. Les propositions américaines récusent également l'objectif que l'ONU s'était fixé en matière d'aide au développement (0,7% du PNB en 2015), mettant l'accent sur la libéralisation des économies et conditionnent l'aide et l'allégement de la dette des pays en développement par leurs performances comptables. L'assemblée générale de l'ONU promet d'être chaude. D. B.