Pour le diplomate russe, rien ne peut se faire sans la conclusion d'un accord de cessez-le-feu durable en Libye, seul moyen de pouvoir relancer le processus politique Le déploiement de soldats russes en Libye, dans le cadre d'une mission de maintien de la paix de l'ONU, n'est pas envisageable dans les conditions actuelles, a affirmé hier le représentant diplomatique russe en Algérie, Igor Beliaev, lors d'un point de presse organisé au siège de son ambassade à Alger. "Nous pouvons aider les Libyens de manière différente, mais une intervention dans un pays souverain ne peut être effectuée que suite à une décision du Conseil de sécurité de l'ONU. Je pense que sans cette décision, cela est impossible", a expliqué l'ambassadeur russe. "La deuxième condition, il faut que les parties libyennes acceptent cette mission. Si une partie la rejette, cela pourrait être dangereux pour notre personnel", a-t-il ajouté, soulignant suivre de près les efforts entrepris par l'Algérie pour réunir l'ensemble des acteurs libyens autour d'une même table, comme cela avait été proposé par le président de la République Abdelmadjid Tebboune lors de son intervention à la conférence internationale de Berlin sur la Libye, le 19 janvier dernier. "Le peuple libyen, comme les autres peuples africains, se souvient de la période du colonialisme. La présence de troupes étrangères en Libye peut donc être inacceptable pour lui", a noté M. Belaev, ajoutant que "cette question est très ambiguë et nous continuerons donc à suivre de près l'évolution de la situation". Pour le diplomate russe, rien ne peut se faire sans la conclusion d'un accord de cessez-le-feu durable en Libye, seul moyen de pouvoir relancer le processus politique dans ce pays, ravagé par la guerre depuis la chute de l'ancien régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Il a affirmé à ce propos que si l'Algérie réussit à réunir toutes les parties libyennes en conflit, "nous ne pouvons que la soutenir", faisant référence aux deux principaux acteurs de la crise, Fayez al-Serraj et Khalifa Haftar, qui ont refusé de se rencontrer aussi bien à Moscou le 13 janvier qu'à Berlin, une semaine plus tard. Le chef du Gouvernement d'union nationale (GNA, Tripoli) Fayez al-Serraj, internationalement reconnu, et son rival de l'Est, le général Khalifa Haftar, bras armé des autorités parallèles de Tobrouk, conditionnant une telle rencontre par l'arrêt total de l'agression militaire contre la capitale libyenne. Depuis le 4 avril 2019, l'armée nationale libyenne (ANL) de Khalifa Haftar s'est lancée dans une meurtrière opération de conquête de Tripoli, faisant plus de 2 000 morts, plusieurs autres milliers de blessés et des dizaines de milliers de déplacés. Mardi à Genève, les deux camps libyens ont accepté de transformer la fragile "trêve", en cours depuis trois semaines, en accord de cessez-le-feu durable. "Les deux parties sont venues à Genève et nous avons commencé hier à discuter avec elles de la longue liste de points à notre ordre du jour, en commençant par la tentative de transformer (...) cette trêve en véritable accord sur un cessez-le-feu durable. Le principe a été adopté au cours de la première session, et la question est de savoir quelles en sont les conditions", a déclaré mardi le représentant spécial du SG de l'ONU pour la Libye, Ghassane Salamé, lors d'un point de presse sanctionnant la première réunion de la commission militaire conjointe composée selon le format dit "5+5", avec 5 membres représentant le GNA et 5 autres le maréchal Haftar.