L'un des symboles du hirak à Mascara, Hadj Ghermoul, veut porter plainte contre un commissaire de police pour insultes, agression physique et crachats au visage, faits présumés survenus à l'occasion de la tentative de marche de vendredi dernier. "Que l'on me frappe, que mon sang coule, passe encore, mais qu'on ne porte pas atteinte à ma dignité par des insultes ou des crachats", s'est-il indigné à Liberté, hier au téléphone, en s'apprêtant à se rendre au siège de la sûreté de wilaya pour déposer plainte. Hadj Ghermoul a indiqué disposer d'un certificat médical mentionnant une plaie au crâne ayant nécessité cinq points de suture, affirme-t-il, occasionnés par des coups de talkie-walkie assénés par le commissaire en question et appuyés par des images et enregistrements vidéo documentant l'agression. Plusieurs personnes sont prêtes à témoigner. "Vendredi, nous voulions organiser un sit-in devant la maison de la presse pour dénoncer l'interdiction qui nous est imposée de manifester depuis plusieurs semaines. À l'arrivée, nous avons été arrêtés, certains ont été frappés, et nous avons fini au commissariat central", a raconté Hadj Ghermoul en parlant de 15 personnes interpellées. Le premier homme à avoir été arrêté et emprisonné pendant six mois, pour s'être opposé au 5e mandat, est convaincu que l'acharnement policier qui cible Nasro Chergui et lui-même tient à la peur des autorités de Mascara de voir le hirak renaître et menacer leur tranquillité. "Nasro et moi sommes considérés comme les principaux animateurs du hirak à Mascara, c'est pour cela que nous sommes particulièrement ciblés par la répression. Mais Allah est témoin, nous ne nous arrêterons pas de lutter", a juré Hadj Ghermoul qui se dit ému par la compassion que les hirakistes de toutes les wilayas lui ont témoignée. "On m'appelle de partout, les gens m'assurent de leur soutien", a-t-il indiqué en souhaitant que cette solidarité se concrétise sur le terrain. "Nous devons libérer Mascara. Les citoyens ont le droit de s'exprimer et de manifester sans craindre d'être frappés ou embarqués par la police", a-t-il ajouté. Après Oran en décembre 2019, Sidi Bel-Abbès vendredi dernier, Mascara sera peut-être la troisième wilaya de l'Ouest à accueillir une manifestation de solidarité. Et cela pourrait être à l'occasion de la 52e marche et premier anniversaire du hirak.