Appelant à assortir l'action militaire au combat contre les "causes profondes" des conflits, le président de la Commission de l'UA, M. Faki, s'est fait l'écho hier de la volonté de l'UA d'occuper un rôle plus important dans la résolution des conflits du continent noir. Le sommet annuel de l'Union africaine s'est ouvert hier à Addis-Abeba, sur le constat amer de la multiplication des conflits sur le continent, ainsi que l'ambition affichée de l'organisation de peser plus en vue de leur résolution. Après plusieurs sommets lors desquels les réformes de l'UA – notamment son financement – et la mise en place de mesures telles que la Zone de libre-échange continentale (Zlec) ont occupé le devant de la scène, les débats se sont concentrés sur les conflits africains, comme en atteste le thème du rendez-vous continental : "Faire taire les armes". Evoquant "le terrorisme, les conflits intercommunautaires et les crises pré- et post-électorales", le président de la commission de l'UA, Moussa Faki, a rappelé la variété des problématiques auxquelles l'Afrique doit faire face. Et a souligné que si l'UA a récemment permis de faire avancer la paix en Centrafrique et au Soudan, de nombreux conflits persistent, comme en Libye et au Soudan du Sud, tandis que d'autres sont nés, notamment au Mozambique et au Cameroun. Appelant à assortir l'action militaire au combat contre les "causes profondes" des conflits, comme la pauvreté ou l'exclusion, M. Faki a fait l'écho de la volonté de l'UA d'occuper un rôle plus important dans la résolution des conflits du continent et de cesser de laisser la main aux puissances et organisations extérieures. "Des solutions africaines aux problèmes africains", a-t-il martelé, alors que de nombreux observateurs, en amont du sommet, ont pointé du doigt l'échec de l'engagement pris par l'UA en 2013 de "mettre un terme à toutes les guerres en Afrique d'ici à 2020". Le président sud-africain Cyril Ramaphosa, qui a succédé hier à l'Egyptien Abdel Fattah al-Sissi, prenant pour un an la tête de l'Union africaine, a confirmé l'orientation de son action, et convoqué un sommet spécial pour le mois de mai en Afrique du Sud, portant sur la résolution des conflits, mais aussi sur la mise en œuvre de la Zlec. "Nous allons concentrer notre travail sur la résolution des conflits", a dit M. Ramaphosa, dont le successeur en 2021 à la tête de l'UA sera le président congolais Félix Tshisekedi. Sur le dossier libyen, géré principalement par l'ONU et dans lequel l'UA s'est récemment plainte d'avoir été systématiquement (...) ignorée, les rangs africains se sont resserrés autour de l'initiative d'un forum de réconciliation évoqué, fin janvier, lors d'un sommet organisé par le comité de l'UA sur la Libye. Entre les dissensions internes et le financement insuffisant des missions de maintien de la paix, l'UA aura pourtant fort à faire pour devenir un acteur de poids dans la résolution des conflits. À ce titre, selon le groupe de réflexion International Crisis Group (ICG), l'UA devrait inclure dans ses priorités la finalisation d'un accord avec l'ONU afin que celle-ci finance à hauteur de 75% ses missions de maintien de la paix approuvées par le Conseil de sécurité de l'ONU. Un dossier que M. Guterres a évoqué hier devant l'UA. "Les missions de maintien de la paix africaines doivent jouir d'un financement prévisible garanti par des contributions obligatoires", a-t-il plaidé.