Dihya n'est jamais partie et ne s'est jamais absentée. Nous apostrophons le romancier, Messaoud Nedjahi, aussi complice que le mari de la chanteuse. Dihya a pris du recul, la meilleur manière de ne pas prendre part, et surtout ne pas cautionner le ridicule, la contrefaçon, l'ersatz et le faux. Je reformule : “Dihya nous revient” et avec elle un espace immaculé, préservé jalousement pour que la flamme reste vivace. Nous parlons de l'une des figures emblématiques de la chanson chaouie : rythme, texte, tempo, paroles s'entend. Ça n'a rien à voir avec la chanson polaroïd très prisée par notre unique chaîne de télévision qui a ses propres chanteurs et art-tristes… Née à Taghit (Aurès), de son vrai nom Zohra Aïssaoui, elle est partie en France à l'âge de 8 ans. Après des reprises entre Faïrouz, Dalida, E. Macias, elle collabore aussi avec la chanteuse française Sheila et décroche son premier contrat avec la grande maison Polydor. Elle connaît aussi sa première désillusion en perdant ses droits d'auteur. Qu'à cela ne tienne, Dihya ne baisse pas les bras, encore moins la voix et lance un cri en face du prohibé, de l'occulté et l'interdit. Yuguerten (ou Jugurtha), son premier album, n'était pas destiné aux soirées mondaines, ni aux hit-parades, encore moins à la danse du ventre, mais aux esprits et aux mémoires. Ça n'a pas empêché de prétendus éditeurs (hachakoum) de copier, enregistrer et vendre, sans droits d'auteur, en toute impunité. Une autre déception, mais cette fois en terre natale. R. H.