Les Philippines, qui figurent dans la dernière liste propagée par Al-Qaïda, viennent d'être frappés par un attentat survenu à bord d'un ferry, qui porte la marque du groupe islamiste Abou Sayyaf, réputé proche de la nébuleuse de Ben Laden. La déflagration, qui a fait une trentaine de blessés, dont plusieurs enfants, s'est produite à l'arrière du Dona Ramona sur l'île de Basilan, dans le sud du pays, au moment où les passagers embarquaient. L'explosif était caché sur une pile de réservoirs de GPL dans le but de semer la terreur en propageant un immense incendie. Le 10 août, cette organisation que traque Manille à Lamitan, une région de confession mixte musulmane et chrétienne, avait repris ses activités terroristes à Zamboanga, faisant 26 blessés. Fondé au début des années 1990, Abou Sayyaf est considéré comme une organisation aux effectifs réduits mais avec de grandes capacités de nuisance. Spécialisée dans les enlèvements contre rançon, notamment d'étrangers, le groupe avait pris en otage en 2000 des dizaines de personnes, en majorité européens, dans un raid contre un centre de plongée en Malaisie. L'année suivante, Abou Sayyaf avait enlevé trois Américains et plusieurs Philippins dans un centre de villégiature sur l'île touristique de Palawan. Deux Américains avaient été exécutés, dont l'un d'eux par décapitation, tandis que les autres otages avaient été libérés. Depuis, le groupe a revendiqué l'incendie criminel qui avait fait une centaine de morts dans un ferry au large de Manille l'an dernier, le plus meurtrier dans l'histoire du pays. Abou Sayyaf a également revendiqué en février dernier trois attentats commis à Manille et dans deux villes du sud qui ont fait huit morts et cent cinquante blessés. Les experts croient savoir qu'Abou Sayyaf a établi des liens avec l'organisation régionale Jamaah Islamiyah (JI), suspectée d'être le relais en Asie du Sud-Est d'Al-Qaïda. La JI est accusée d'être à l'origine des attentats qui avaient fait 202 morts en octobre 2002 sur l'île indonésienne de Bali. R. I.