La mort du leader islamiste prouvée par des tests ADN, selon l'armée philippine. Des tests ADN réalisés aux Etats-Unis ont confirmé les affirmations de l'armée philippine selon lesquelles elle avait abattu Khadaffy Janjalani, numéro un de l'organisation islamiste Abou Sayyaf, accusée de liens avec Al-Qaîda, a-t-on appris, samedi, de source militaire. La police fédérale américaine (FBI) a certifié qu'un cadavre retrouvé en décembre sur l'île de Jolo (sud) était bien celui du leader islamiste, a indiqué le général philippin, Hermogenes Esperon. L'armée philippine avait affirmé que Janjalani avait été tué à la suite d'un raid lancé en septembre sur l'île de Jolo, bastion d'Abou Sayyaf. L'opération avait mobilisé cinq mille soldats. Le corps décomposé de ce que les autorités croyaient être Janjalani avait été retrouvé deux mois plus tard. Les observateurs étaient cependant restés prudents, la mort du leader ayant été à plusieurs reprises annoncée. Le groupe Abou Sayyaf est un groupe islamiste séparatiste et armé connu sous le nom de «Al-Haraka al-islamiyya», et dont les actions sont principalement menées contre les intérêts occidentaux aux Philippines et contre les forces gouvernementales. Ses fiefs sont situés à Jolo, Basilan et Mindanao. Créé à partir d'une scission avec le Front Moro de Libération nationale et dirigé d'abord par Abdulrajik Janjalani, le groupe Abou Sayyaf est mené, par la suite, par son jeune frère Khadaffy Janjalani. Fort de près de 2000 membres, le groupe se spécialise dans les rapts d'étrangers, les assassinats ciblés et les attentats à l'explosif. Classé sur la liste noire de Washington, il a aussi été le motif invoqué par les Etats-Unis pour prendre pied aux Philippines. Jose Maria Sison, conseiller du Front national démocratique (NDF) révolutionnaire, déclarait en 2002: «Sur un point, on peut comparer le groupe Abou Sayyaf au groupe d'Oussama ben Laden: il s'agit d'une création des Etats-Unis dont Washington a perdu le contrôle. Le groupe a été mis sur pied par la CIA avec l'intention de miner le Front de libération nationale Moro (Mnlf, un mouvement qui luttait pour un Etat musulman dans le sud des Philippines, ndlr.), avant que celui-ci ne capitule devant le gouvernement de Manille en 1996. Au nom de la lutte contre le terrorisme, le même Abou Sayyaf sert maintenant de prétexte à une intervention militaire américaine et à l'intensification de l'aide militaire US au gouvernement de marionnettes de Manille. Le terrorisme à grande échelle de l'impérialisme américain tente d'utiliser le terrorisme en petit du groupe Abou Sayyaf comme excuse pour une guerre d'intervention. Cela pourrait se transformer en une guerre d'agression contre le peuple philippin et ses forces révolutionnaires qui combattent pour la libération nationale et la démocratie.» Le 17 janvier dernier, les autorités annonçaient la mort de Jainal Antel Sali, 41 ans, plus connu sous le surnom d'Abou Sulaiman. Il a été mortellement blessé au cours d'intenses échanges de tirs avec les forces spéciales dans la région montagneuse du sud de l'île de Jolo, le chef des armées Hermogenes Esperon, confirmant ainsi des premières informations faisant état de la mort du militant. Washington avait offert une récompense de cinq millions de dollars (3,86 millions d'euros) pour sa capture ou sa mort. Les forces américaines et conseillers militaires fournissaient leur assistance (technique et de renseignement, notamment via des avions-espions) à l'offensive qui a duré près de cinq mois et a permis d'acculer Abou Sulaiman et d'autres dirigeants d'Abou Sayyaf dans la jungle montagneuse de Bud Daho, sur l'île de Jolo (950km au sud de Manille). Selon l'armée, Dulmatin et Omar Patek, principaux suspects des attentats de Bali de 2002 qui avaient fait 202 morts en Indonésie, seraient avec eux. L'armée a investi, mardi, le campement fortifié d'Abou Sulaiman, déclenchant une bataille qui a duré trois heures et s'est soldée par la mort du chef d'Abu Sayyaf. D'autres ont pu s'échapper, qui étaient, depuis, pourchassés. Il s'agit du plus haut commandant d'Abu Sayyaf tué par l'armée à ce jour. Abou Sulaiman pouvait être l'un des deux successeurs possibles de Khaddafy Janjalani, chef suprême d'Abou Sayyaf, qui aurait été tué en septembre, mais dont la mort n'a été confirmée qu'il y a deux jours. D'après le général Esperon, les combattants d'Abou Sayyaf, qui étaient encore un millier début 2000, ne seraient plus que 350 environ. Abou Sulaiman était, notamment, considéré comme l'auteur d'un attentat qui a déclenché un incendie à bord d'un ferry en février 2004, faisant 116 morts, ainsi que de l'enlèvement de trois touristes américains en 2001, sur l'île de Palawan, au cours duquel l'un des otages a été décapité et un autre tué lors de l'intervention de l'armée, un an plus tard.