Le parquet général de la Cour d'Alger a annoncé dans un communiqué, rendu public jeudi, que de nouvelles charges sont retenues contre six ex-ministres et plusieurs anciens walis. Suite aux ordonnances d'incompétence rendues par le tribunal de Sidi M'hamed qui n'est pas habilité à instruire des affaires dans lesquelles sont cités de hauts responsables, la Cour suprême devra donc convoquer, dans les prochains jours, les anciens ministres Chakib Khelil, Mohamed Bedjaoui, Hamid Temmar, Amar Ghoul, Noureddine Bouterfa, ainsi qu'Abdelmalek Sellal, ex-ministre des Ressources en eau, et l'ex-gérant de la société BRC, Abdelmoumen Ould Kaddour. Longtemps classée sans suite, l'affaire Sonatrach 2 est déterrée, mettant en cause Chakib Khelil accusé de "perception de pots-de-vin, blanchiment d'argent, transferts de biens obtenus par la corruption, de marchés et avenants contraires aux dispositions législatives et réglementaires relatives à l'égalité et à la transparence des mesures et d'octroi à autrui des privilèges injustifiés lors de la conclusion des contrats". Quant au dossier BRC, dans lequel des charges ont été retenues également contre lui, aux côtés d'Ould Kaddour, il concerne une quarantaine de marchés de gré à gré conclus avec BRC, pour un montant de 185,7 milliards de dinars. Vingt-sept l'ont été par Sonatrach et quatorze par le ministère de la Défense. Le nom de Chakib Khelil revient, en outre, dans une troisième affaire, SNC Lavalin, dans laquelle est cité à comparaître, devant le conseiller instructeur de la Cour suprême, Noureddine Bouterfa, ancien ministre de l'énergie. Pour la première fois, le nom de l'ex-ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, s'ajoute à la longue liste des hauts responsables "inquiétés" par la justice depuis la démission du président déchu, Abdelaziz Bouteflika. L'ancien président de la Cour internationale de justice de La Haye (1994-1997) a été cité à quatre reprises dans l'arrêt de la chambre d'accusation, de l'affaire de l'autoroute Est-Ouest, sans être convoqué à la barre. Il aurait introduit, en Algérie, le marchand d'armes franco-congolais, Pierre Falcone, considéré comme le chef d'orchestre de la corruption ayant entaché ce grand projet. Selon le communiqué du parquet général de la Cour d'Alger dans le cadre de l'Algérienne des autoroutes, "l'instruction a donné lieu à des charges contre Mohamed Bedjaoui, Chakib Khelil, et Amar Ghoul en sa qualité d'ancien ministre des Travaux publics". Tandis que l'information judiciaire ouverte autour de l'Agence nationale des barrages a mis "en évidence des charges contre Abdelmalek Sellal en sa qualité d'ancien ministre des Ressources en eau, Fatmi Rachid en sa qualité d'ancien wali de Béjaïa, Hocine Ouadah, ancien wali de Tizi Ouzou, et Nouria Zerhouni ex-wali de Mostaganem". Enfin, l'ancien ministre des Participations et de la Promotion de l'investissement, Hamid Temmar, est concerné par le dossier Batigec, soutient le parquet général de la Cour d'Alger.