Beaucoup de familles sont venues manifester. Même des personnes en fauteuil roulant. Cette détermination se lit aussi sur les pancartes et les banderoles déployées à l'occasion. "Tahya El-Djazayer !" La marche de la diaspora algérienne au Canada a débuté samedi par ce cri du cœur poussé par des millions de voix le jour de l'indépendance en 1962. C'est que les marcheurs à Montréal veulent hâter le démantèlement du système politique, hérité d'un coup de force par l'armée des frontières. "En 1962, on a libéré le territoire ; aujourd'hui, on va libérer le peuple du joug du pouvoir mafieux", martèle un manifestant, mégaphone en main. Coïncidant avec le 1er anniversaire de l'insurrection citoyenne du 22 février 2019, la marche, qui devait s'ébranler à midi, a été précédée par une caravane motorisée de dizaines de véhicules arborant le drapeau national et l'emblème amazigh, qui a sillonné les principales rues de la métropole québécoise. La procession, qui a démarré de la rue Jean-Talon où les commerces algériens sont concentrés, est devancée par un camion à écran sur lequel défilent les portraits des détenus d'opinion, mais aussi les moments forts du hirak. Place du Canada, point de départ de la marche populaire, des cohortes de manifestants affluent par dizaines. Sur place, l'ambiance est joyeuse mais toujours empreinte de son caractère revendicatif et contestataire. "On n'est pas venu faire la fête, on est venu vous faire dégager", scande la foule qui commence à grossir à vue d'œil au fur et à mesure que le coup d'envoi de la manif approche. Les premiers carrés commencent à se former sur le boulevard René-Lévesque. Beaucoup de familles sont venues manifester. Même des personnes en fauteuil roulant. Cette détermination se lit aussi sur les pancartes et les banderoles déployées à l'occasion. "Système dégage", "Libérez les détenus d'opinion en Algérie", "Non à la répression", pouvait-on lire sur des pancartes de fortune portées par des marcheurs, pendant que d'autres s'égosillaient à scander les slogans habituels du hirak. "Y en a marre de ce pouvoir", entendait-on dans le premier carré de la marche. "Pouvoir algérien assassin", réplique un autre groupe au milieu de la procession humaine. Celle-ci a emprunté les rues Peel et Sherbrooke avant d'arriver au point de chute, le consulat d'Algérie à Montréal sur la rue Saint-Urbain. Sur place, les quelque 2 000 manifestants ont observé un rassemblement au cours duquel, ils ont réitéré leur détermination à continuer à soutenir le peuple algérien qui manifeste pour sa liberté. Ils ont été accueillis par des chants patriotiques et la musique engagée de Matoub dont la voix résonnait dans le ciel de Montréal. En début de soirée, les hirakistes se sont donné rendez-vous au collège Maisonneuve où des activités commémoratives de l'an 1 du hirak ont eu lieu. Outre un banquet traditionnel aux saveurs algériennes, la soirée a été ponctuée par des activités culturelles et artistiques. Pour la diaspora algérienne, la révolution du sourire continue. "Jusqu'à l'indépendance", promet-on.