"Toutes les personnes qui sont entrées en contact d'une manière directe ou indirecte avec le ressortissant italien importateur du virus seront examinées", assure-t-on au ministère de la Santé. Après l'annonce publique de l'enregistrement du premier cas de coronavirus dans le pays, les autorités sanitaires sont intervenues plusieurs fois dans la journée d'hier pour rassurer les populations. Pour elles, il n'y a pas de raison de céder à la panique dès lors qu'il n'y a pas de foyer "autochtone". Les membres du comité national de lutte contre la grippe saisonnière, se sont montrés rassurants. Lors d'un point de presse animé au siège du ministère de la Santé, le directeur général de la prévention, Djamel Fourar, s'est montré confiant quant à la gestion du cas apparu et au dispositif d'alerte et de surveillance mis en place au niveau national. "On n'est pas du tout surpris de l'apparition de ce cas, en raison du volume des échanges et les escales au quotidien qui existent entre Alger et Rome. Il n'y a pas lieu de céder à la panique et d'affoler du coup la population. La phase n'est pas aussi grave qu'on le pense, on maîtrise parfaitement le processus de prévention et de contrôle à tous les niveaux. Aucune propagation à partir de ce cas n'a été enregistrée. L'urgence aujourd'hui est la prévention et le respect des règles d'hygiène et de sécurité alimentaire", assurera le premier responsable de la prévention au département d'Abderrahmane Benbouzid qui rappellera au passage que la grippe saisonnière a fait déjà 20 victimes. Pour le ministère de la Santé, le système d'alerte installé aux points d'entrée du pays et des structures sanitaires de prise en charge a été très efficace. "Le cas du ressortissant italien porteur du coronavirus, annoncé dans la soirée d'avant-hier, a prouvé l'efficacité du système national de surveillance", expliquera M. Fourar avant de revenir sur la découverte et l'identification du premier cas de coronavirus en Algérie. Le premier porteur du virus en Algérie est un ressortissant italien âgé de 61 ans, ingénieur de son état qui travaille à Ouargla pour le compte d'une société italienne. La personne contaminée au Covid-19 est, depuis la confirmation, soit lundi, mise en quarantaine dans une base vie, dans le Sud algérien. Ce dernier est pris en charge sur les lieux par une équipe médicale pluridisciplinaire. L'ingénieur italien est arrivé à Alger le lundi 17 février à bord d'un vol de la compagnie Alitalia en provenance de Milan après une escale à Rome. Les caméras thermiques utilisées à l'aéroport international d'Alger n'ont pas pu détecter les premiers symptômes de la maladie, tels que la fièvre et les signes de détresse respiratoire. Cela serait-il dû à une défaillance du système de surveillance sanitaire ? le Dr Hammadi rétorquera : "Le système n'a pas failli. Les symptômes n'apparaissent pas pendant la période d'incubation. En outre, le porteur en question a quitté Milan cinq jours après que les autorités italiennes ont découvert les premiers cas." Il faut savoir qu'après avoir passé une nuit à Alger, soit le mardi 18 février, l'ingénieur Italien a regagné à bord d'un vol d'Air Algérie son lieu de travail au sud du pays. Ce n'est que quatre jours après, soit le 22 février, que le premier "importateur" de coronavirus en Algérie s'est présenté à la structure sanitaire de la base vie pour être ausculté par un médecin en raison d'une fièvre persistante et des difficultés respiratoires. "Des prélèvements effectués et transmis pour analyse à l'Institut Pasteur à Alger se sont avérés concluants." Un autre ressortissant italien, âgé de 55 ans, présentant les symptômes du cas suspect (fièvre, symptômes respiratoires en provenance d'une zone de circulation du coronavirus Covid-19) a été également soumis à un contrôle sanitaire draconien. Il s'agit du collègue du porteur du virus identifié. Il a suivi pratiquement le même parcours que son compatriote. Après une escale de 24 heures à Alger, il ralliera son lieu de travail à Ouargla. Néanmoins, les analyses de l'IPA ont déclaré le deuxième cas négatif. En revanche, les animateurs de la conférence de presse ont fait l'impasse sur certains détails liés à la localité abritant la base vie touchée ou sur l'identité des deux ressortissants italiens, en mettant en avant la règle de confidentialité médicale. Selon nos sources locales à Ouargla, c'est à la base vie "Amalou" qu'était logée la personne infectée. Elle est située à plus de 300 km de Hassi Messaoud. Nos sources ajouteront que l'ensemble des travailleurs et les résidents de la base vie ciblée sont mis en quarantaine pour une période d'incubation du virus de 14 jours. Les résidents de la base de vie mis en quarantaine Pour éviter de revivre le cafouillage et la gestion chaotique du choléra en 2018, les autorités sanitaires disent avoir enclenché dans les délais un véritable travail préventif sur le terrain. "Une enquête de traçabilité du virus a été entamée immédiatement après l'opération des prélèvements", expliquera le Pr Lyes Rahal, directeur général de l'INSP, avant de rassurer que tous les sujets en contact avec le porteur du virus seront soumis à des examens médicaux et à des prélèvements. "En attendant d'obtenir le manifeste d'Alitalia des deux vols du 17 et du 18 février, pas moins d'une dizaine de personnes s'est déjà manifestée au niveau des structures sanitaires compétentes pour effectuer les prélèvements nécessaires. EIles sont à présent prises en charge dans des établissements spécialisés. Les passagers d'Air Algérie qui ont pris le vol d'Ouargla ont été également contactés. Toutes les personnes qui sont entrées en contact d'une manière directe ou indirecte avec le ressortissant italien importateur du virus seront examinées." Cependant, les animateurs de la conférence de presse ne recommandent pas pour le moment le port de masques de protection. Sur un autre plan, le directeur général de la prévention exclut toute éventualité de suspendre la liaison aérienne avec Rome. "Il sera plutôt question de renforcer les contrôles sanitaires pour capter d'éventuels cas parce que le virus est désormais identifié dans les cinq continents". De son côté, le Dr Fouzi Derar, virologue, brossera un tableau sur les caractéristiques médicales du coronavirus. "Il faut savoir que le coronavirus ne vit pas plus de trois heures dans les zones à hautes températures. Ce virus garde cependant son efficacité plus de six heures dans les zones à basses températures et humides", expliquera le virologue de l'IPA. Signalons enfin que les autorités sanitaires mettent un numéro vert (30-30) à la disposition des citoyens pour s'informer sur la maladie et les comportements à adopter en cas d'urgence d'apparition des premiers symptômes.