Résumé : Samira pleure longtemps et finit par s'endormir. La vue de la petite fille avait ravivé de douloureux souvenirs. Très jeune et naïve, elle avait cru en Ramdane, un étudiant de son groupe. Beau garçon et beau parleur, il l'avait vite séduite. Sa belle-mère, qu'elle avait mise au courant, avait prévenu son père. Comme il voulait se débarrasser d'eux, elle s'était enfuie… Elle aurait voulu oublier cette partie de sa vie où elle avait tout perdu. En voyant la petite Radia, il lui semblait la reconnaître. Elle en était certaine. Pour en avoir le cœur net, elle devra affronter son passé. Après avoir pris son café, elle se prépare avec soin. Elle se rend à l'hôpital, en taxi. Le regard admiratif du taxieur la met mal à l'aise. Une fois arrivée à destination, elle s'empresse de descendre du taxi. Elle se dirige rapidement vers le vieil hôpital. Ses hauts talons claquent sur le pavé. Elle s'arrête pour respirer à fond afin de se donner du courage. Elle commence à regretter de s'être habillée avec beaucoup de recherche. En soignant son apparence, elle cherchait à se donner de l'assurance. Et aussi afin de plaire au docteur Houari. Ce dernier n'est pas insensible à son charme. Il lui faisait la cour depuis longtemps. Ce matin, elle se sentait prête à affronter l'infirmière-chef Farida. Quand elle pousse la porte de la salle de surveillance, Dr Houari est déjà là. Il est assis à son bureau, une tasse de café à la main, et consulte des dossiers médicaux. - Bonjour, dit-elle doucement. - Bonjour. La réponse machinale s'étrangle dans la gorge du docteur à la vue de Samira, puis il sourit, heureux de sa visite. Il est heureux car il n'y a personne pour les gêner. Il ne tente pas de refouler ce sentiment qui l'envahit à chaque fois qu'il était en sa présence. - Tu es si belle et si élégante. Un vrai plaisir pour les yeux. Fais-moi plaisir et dis-moi que c'est en mon honneur... Samira retire sa veste, qu'elle accroche sur le dossier d'une chaise, puis s'assit en face de lui, les mains croisées. - Pour qui d'autre voudrais-tu que je me fasse belle ? réplique-t-elle avec un petit sourire. - Je suis heureux, Samira. C'est aussi la première fois que tu viens me tenir compagnie. En général, c'est toujours moi qui te cherche. - C'est peut-être aussi la dernière fois. Je vais de ce pas déposer ma démission. Le jeune homme perdit aussitôt son sourire et fronce les sourcils. - Tu es sérieuse ? Pourquoi ? Tu as trouvé un meilleur poste, dans un cabinet privé ? - Non, je n'ai pas encore cherché mais je ne m'entends pas avec Farida. Je ne peux plus la supporter. L'agression d'hier m'a ouvert les yeux. Je ne peux pas mettre ma vie en danger. Houari ne semble pas comprendre. Il se lève et ouvre la fenêtre, laissant l'air frais du matin envahir la pièce. - Tu ne trouves pas ta réaction exagérée ? dit-il. Pourquoi ? Vous ne vous entendez pas ? Raconte-moi, dis-moi tout, peut-être que je pourrais t'aider. Pour la première fois de sa vie, depuis quatre ans qu'ils se connaissent, il l'entend rire mais c'est un rire sans joie. Il en frémit et a l'impression que son cœur s'est arrêté lorsqu'elle lui répond : - Mais à cause de toi, mon cher ! - Comment, moi ? - Comme si tu ne le savais pas. Elle est jalouse de toutes celles qui t'approchent, lui apprend-elle. En particulier de moi, parce que tu ne cesses de sourire quand tu me vois. Elle ne supporte pas que tu me préfères à elle.
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