L'armée syrienne a averti hier qu'elle abattrait tout avion "ennemi" au-dessus de la région d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, après la fermeture de l'espace aérien aux aéronefs et drones au-dessus de cette région. La Turquie a lancé depuis hier une vaste opération militaire contre l'armée syrienne à Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, marquant ainsi un nouveau cap dans les tensions qui opposent les deux pays dans cette province depuis les deux dernières semaines. L'opération turque fait craindre désormais un embrasement de toute la région sur fond de tension grandissante entre la Turquie et la Russie qui soutient Damas. Ankara a justifié hier cette opération, qui constitue une agression contre la Syrie, par les récentes attaques attribuées à l'armée syrienne et qui ont infligé de lourdes pertes à l'armée turque cette semaine. Pas moins de 34 soldats turcs ont été tués, rappelle-t-on, jeudi. "L'opération ‘Bouclier du Printemps', déclenchée après la vile attaque du 27 février (jeudi, ndlr) à Idleb, se poursuit avec succès", a déclaré hier le ministre turc de la Défense, Hulusi Akar, lors d'une allocution retransmise à la télévision. M. Akar a indiqué qu'Ankara n'avait "ni l'intention ni l'envie d'entrer dans une confrontation avec la Russie", qui soutient Bachar al-Assad, tout en soulignant que la Turquie attendait de Moscou qu'il fasse pression sur Damas pour qu'il "stoppe ses attaques". Samedi déjà, l'armée turque avait multiplié les frappes de drones contre des positions syriennes, mais c'est la première fois qu'Ankara a lancé une opération plus générale sur le terrain. La Syrie a averti qu'elle abattrait tout avion "ennemi" au-dessus de la région d'Idleb, au lendemain de la mort de 26 combattants du régime dans des tirs de drone menés par Ankara. "Le haut commandement de l'armée annonce la fermeture de l'espace aérien pour les avions et tout drone au-dessus du nord-ouest de la Syrie et surtout au-dessus de la région d'Idleb", a rapporté l'agence de presse officielle Sana, citant une source militaire. "Tout avion qui viole notre espace aérien sera traité comme un avion ennemi qui doit être abattu et empêché d'atteindre ses objectifs", a ajouté la source citée par Sana. L'attaque turque contre la Syrie intervient, rappelle-t-on, à un moment où l'armée régulière syrienne continue de marquer une avancée notable dans la province d'Idleb. Avec l'appui de l'aviation russe, l'armée syrienne mène depuis décembre une offensive pour reprendre la région, dernier bastion occupé par des terroristes. Cette offensive a suscité des frictions entre Ankara et Moscou. Samedi, le président turc, Recep Tayyip Erdogan, avait demandé à son homologue russe, Vladimir Poutine, de s'"ôter du chemin" de la Turquie en Syrie et assuré que Damas allait "payer le prix" de ses attaques. Face à ces développements, le haut représentant de l'Union européenne (UE) pour la sécurité et la politique étrangère, Josep Borrell, a exhorté toutes les parties à Idleb à "faire preuve de retenue" et à stopper la tension croissante à Idleb, car "il existe un risque qu'elle se transforme en confrontation internationale". Parallèlement, le président russe, Vladimir Poutine, et son homologue iranien, Hassan Rouhani, ont convenu samedi dans une conversation téléphonique de la nécessité de la mise en œuvre complète des accords conclus dans le cadre du format d'"Astana" concernant, avant tout, la lutte contre les groupes terroristes en Syrie "dans le respect de la souveraineté et de l'intégrité territoriale de la Syrie".