La Turquie a intensifié ces derniers jours ses livraisons d'armes aux rebelles de la province d'Idleb, dans le nord-ouest de la Syrie, où l'armée gouvernementale syrienne et ses alliés veulent lancer une offensive terrestre. Reuters indique que des sources rebelles lui ont révélé que l'aide militaire turque s'était accentuée depuis le dernier sommet de Téhéran entre les présidents russe, turc et iranien, où aucun accord n'a pu être trouvé pour prévenir l'offensive des forces de Damas. La Turquie, qui accueille déjà 3,5 millions de réfugiés syriens, craint un nouvel exode en direction de son territoire si la province d'Idleb, dernier bastion des insurgés en Syrie, est attaquée par les troupes loyalistes. Le président turc, Recep Tayyip Erdogan, tout comme l'Onu, a évoqué un «désastre humanitaire», si la bataille d'Idleb devait être lancée. «Les Turcs ont promis leur soutien militaire en vue d'une longue bataille», a déclaré à Reuters un chef de l'Armée syrienne libre (ASL), alliance armée des rebelles qui est aidée depuis des années par les Occidentaux et Ankara. L'armée turque a notamment fourni en grande quantité des munitions et des roquettes Grad, a-t-il ajouté. Environ 3 millions de personnes vivent dans la province d'Idleb. Les avions syriens et russes ont intensifié ces derniers jours leurs raids sur la région, ainsi que sur les zones rebelles de la province de Hama, apparemment en prélude à leur grande offensive terrestre. Les principales localités de la province d'Idleb sont contrôlées non par l'ALS, mais par des terroristes liés à l'ancienne branche syrienne d'Al Qaîda, le Front Al Nosra. L'armée turque envoie aussi des renforts et des armes lourdes depuis une semaine dans la douzaine de postes d'observation qu'elle a établis dans la région d'Idleb, ainsi que plus à l'est, dans une zone au nord de la ville d'Alep. La Turquie a d'ailleurs demandé aux combattants de l'ALS du secteur d'Alep de rejoindre les lignes de front dans la province d'Idleb, ont précisé deux chefs rebelles. Reuters, qui cite des sources du camp des insurgés, rapporte que les Turcs ont également promis de prendre des mesures énergiques contre les terroristes si la Russie parvient à écarter la menace d'une grande offensive terrestre des forces de Damas. Erdogan, ajoute-t-on, a bon espoir de parvenir à un arrangement avec Moscou en vue d'une opération militaire limitée à des frappes sur les groupes terroristes, tel Hayat Tahrir Al Cham, composé notamment de l'ex-branche d'Al Qaîda en Syrie, dont les autorités turques viennent tout juste de reconnaître le caractère «terroriste». Avant tout, la Russie veut faire cesser les attaques de drones lancées depuis Idleb contre sa base de Hmeimim dans la région voisine de Lattaquié. Un plan concocté à Ankara prévoit justement la sécurisation de cette base, dont les abords seraient renforcés en mines. Reste à savoir maintenant si Poutine est prêt à l'accepter !