L'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) et ses partenaires dont la fédération de Russie (Opep+) vont se réunir les 5 et 6 mars à Vienne pour examiner la situation actuelle du marché pétrolier. L'Opep+ va-t-elle réduire davantage l'offre pétrolière ? Une divergence de vues quant à la baisse de la production subsiste entre l'Opep et la Russie. Tout porte à croire, cependant, que l'Opep va décider d'agir seule, et d'opérer une réduction assez notable. Moscou a fait alliance avec l'Opep. Mais, il est tout à fait naturel de ne pas toujours être d'accord sur tout. Moscou ne voit pas d'un bon œil l'idée de baisser davantage l'offre pétrolière mondiale. Elle n'en voit pas, en fait, l'utilité, estimant que même avec une diminution de la production, la remontée des cours ne sera probablement pas évidente pendant plusieurs mois, face à une demande de pétrole qui fait du surplace. Il existe certainement d'autres raisons expliquant les hésitations de la Russie. Celle-ci, disposant d'une production conséquente, peut s'accommoder, en réalité, des cours actuels de l'or noir. Du reste, le président russe, Vladimir Poutine, l'a fait savoir cette semaine, en affirmant que "les prix actuels du pétrole étaient acceptables pour le budget de son pays et que la Russie, pays clé de l'Opep+, a suffisamment de ressources pour faire face à une plus grande détérioration de l'économie mondiale". Par ailleurs, s'il est vrai qu'une décision sur une baisse de l'offre, telle que souhaitée par l'Opep, donne plus de cohésion et d'efficacité à l'Opep+ (ne serait-ce qu'au plan de la symbolique), il n'en reste pas moins que cela fait grincer des dents du côté des entreprises russes. Vladimir Poutine les a rencontrées dimanche dernier et leur a parlé de la réunion de jeudi et de vendredi prochains. Mais, rien n'a réellement filtré sur la teneur de ces discussions. Evidemment, le peu d'enthousiasme des Russes n'agrée pas l'Arabie saoudite qui, peut-être, est, actuellement, angoissée ou fâchée, le porte-parole de la présidence russe, Dmitri Sergueïevitch, ayant douché ses espoirs en déclarant dimanche 1er mars, qu'il n'existe aucun plan immédiat dans l'agenda de Poutine pour discuter de la situation du marché pétrolier avec les Saoudiens ou avec d'autres membres de l'Opep. La messe est-elle dite ? Pas tout à fait, Moscou aura toujours besoin d'un allié aussi indispensable à la stabilité du marché. "L'Arabie saoudite veut empêcher l'effondrement des prix, mais la Russie continue de refuser. Donc, la seule voie pourrait être pour l'Opep de réduire sa production toute seule, ce qui n'enverrait pas un bon signal au marché", a indiqué une source citée par Reuters. "Il devrait y avoir une réduction, il n'y a pas d'autre option", a ajouté une autre source, soulignant qu'une autre option pourrait être pour l'Opep de retarder la décision jusqu'à ce que les prix bas forcent Moscou à se joindre à l'accord. La Russie semble ainsi attendre de voir plus clairement ce que le marché lui réserve. Ce dernier suit une tendance à la baisse. Hier, vers 10h GMT, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en mai valait 50,74 dollars à Londres, en hausse de 2,15% par rapport à la clôture de vendredi. Mais, quelques heures auparavant, vers 23h GMT dimanche, le Brent a touché un plus bas depuis juillet 2017 à 48,40 dollars le baril, une chute très prononcée qui fait chavirer les plans de budget des pays pétroliers.