Bonne nouvelle, l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) et l'Agence internationale de l'Energie (AIE) jugent que le marché pétrolier est en voie de rééquilibrage. Mais il ne faut surtout pas lever le pied sur les mesures de réduction de l'offre entamées depuis janvier dernier. Les deux organisations prévoient un retour à la croissance de l'économie mondiale, ce qui devrait accroître la demande à l'or noir et concourir davantage à l'équilibre du marché. Jeudi, l'AIE prévoyait un marché pétrolier équilibré l'an prochain mais incitait les pays de l'OPEP à «persévérer dans la discipline» pour limiter leur production, avant une réunion cruciale du cartel le mois prochain. L'AIE a maintenu ses prévisions de croissance de la demande mondiale de pétrole pour 2017 et 2018, alors qu'elle les avait révisées à la hausse ces derniers mois. Après une faible demande constatée au troisième trimestre de l'année, impactée essentiellement par les ouragans, la demande devrait rebondir au quatrième trimestre, selon l'AIE, alors que l'OPEP a prévu, mercredi, une demande mondiale croissante pour cette année, à 96,80 mbj, soit 1,45 mbj de plus qu'en 2016. L'OPEP table également sur une nouvelle progression de 1,38 mbj en 2018, soit une demande globale de 98,19 mbj, à l'heure où l'AIE anticipe, elle, une progression de la demande de 1,6 million mbj pour atteindre 97,7 mbj en 2017. La croissance pour 2018 devrait ralentir à 1,4 mbj pour atteindre 99,1 mbj, selon les prévisions de l'AIE. Le Fonds monétaire international (FMI) était le premier à ouvrir le bal en relevant ses prévisions économiques de 0,1 point pour 2017 et 2018, soit une croissance désormais estimée à respectivement 3,6% et 3,7%. Ainsi, si les projections semblent reprendre des couleurs du côté de la demande, l'offre quant à elle virait à l'équilibre en septembre et à la baisse sur une année. L'AIE fait constater dans son rapport de décembre que la production des pays de l'OPEP est restée quasi stable en septembre par rapport à août et s'inscrit en baisse sur un an. S'il est vrai que les statistiques confirment une tendance à la baisse de l'offre et des niveaux des stocks mondiaux, il ne faut pas crier victoire pour autant car des pays de l'OPEP continuent à pomper bien au-delà de leurs quotas. Ce qui fait dire à l'AIE l'impératif de «persévérer dans la discipline» pour réussir ce retour à l'équilibre tant attendu. «Il y a peu de doute sur le fait que les principaux producteurs se sont de nouveau engagés à faire tout ce qui est nécessaire pour soutenir le marché et le long processus de rééquilibrage» entre offre et demande, note l'AIE. «Beaucoup a été fait pour aller vers une stabilisation du marché, mais il faudra persévérer dans la discipline» l'an prochain, estime l'agence qui conseille sur leur politique énergétique 29 pays développés également membres de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Le pari n'est pas encore totalement gagné. Et même si les prix du pétrole caracolaient hier au-dessus de 57 dollars le baril, les cas d'indiscipline au sein de l'OPEP, les tensions géopolitiques au Moyen-Orient et le risque d'une croissance plus soutenue de l'offre américaine rendent le marché pétrolier plus volatile. L'OPEP et ses partenaires vont tenter de consolider leurs accords de réduction de la production lors d'une réunion prévue le 30 novembre à Vienne. Les participants à cette rencontre débattront d'une éventuelle prolongation de leurs quotas au-delà du terme prévu en mars 2018. La reconduction des accords jusqu'à la fin de l'année prochaine semble d'ores et déjà acquise, puisque cette option est soutenue par les deux poids lourds du marché : la Russie et l'Arabise Saoudite en l'occurrence. Lors d'une récente rencontre à Moscou, entre le président russe Vladimir Poutine et le roi Salmane d'Arabie Saoudite, les deux pays ont convenu d'accorder leurs violons pour parvenir à stabiliser le marché. «Nous aspirons à poursuivre la coopération positive entre nos pays en vue de stabiliser les marchés pétroliers mondiaux», a notamment assuré le roi Salmane. La modération de l'OPEP et de ses alliés est d'autant plus importante que la production d'autres pays non adhérents au cartel augmentera parallèlement cette année et en 2018. Les Etats-Unis, qui extraient d'importantes quantités de pétrole de schiste, sont les plus gros contributeurs à cette augmentation. «Pour 2018, nous prévoyons que trois trimestres sur quatre seront grosso modo équilibrés», en supposant une production de l'OPEP stable et sur la base de conditions météorologiques normales, prévoit l'AIE. Les volumes de la demande de pétrole et de la production hors OPEP doivent en effet progresser de manière comparable. De quoi toutefois limiter l'espoir d'une véritable augmentation des cours, note l'AIE. Ces derniers ont un peu repris des couleurs dernièrement, avec un baril de brent au-dessus des 55 dollars actuellement, mais cela reste loin des niveaux enregistrés il y a quelques années. Les prix du pétrole remontaient nettement hier en cours d'échanges européens alors que les tensions entre Washington et l'Iran pourraient remettre en question les exportations du troisième plus grand producteur de l'OPEP. Vers 13h GMT, le baril de brent de la mer du Nord pour livraison en décembre valait 57,50 dollars sur l'InterContinental Exchange (ICE) de Londres, en hausse de 1,25 dollar par rapport à la clôture de jeudi. Dans les échanges électroniques sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de light sweet crude (WTI) pour le contrat de novembre prenait 99 cents à 51,59 dollars.