L'armée a souvent joué les arbitres en procédant à des coups d'Etat, dont le dernier a eu lieu en 2012. La Guinée-Bissau est l'un des pays les plus pauvres de la planète. Il est classé comme narco-Etat. L'organisation ouest-africaine Cédéao a estimé illégales hier les investitures de deux chefs d'Etat rivaux en Guinée-Bissau et appelé l'armée à rester neutre dans la querelle post-électorale qui se poursuit deux mois après la présidentielle. La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest (Cédéao) "suit avec une grande préoccupation" la situation dans l'ancienne colonie portugaise, marquée par "les investitures successives de deux chefs d'Etat en dehors des cadres légaux et constitutionnels et la coexistence de deux Premiers ministres" issus de camps opposés, selon un communiqué. Elle "condamne fermement ces voies de fait" alors que "le contentieux relatif aux élections présidentielles est pendant devant la Cour suprême" qui n'a toujours pas tranché l'issue du scrutin du 29 décembre. La Cédéao note par ailleurs "avec grande inquiétude l'immixtion des forces de défense et de sécurité dans la sphère politique et leur demande instamment de se tenir à l'écart du champ politique et d'observer une position de neutralité absolue". Depuis vendredi, des militaires se sont établis dans plusieurs institutions du pays (ministères, Assemblée nationale...) et ont pris le contrôle de la radio et de la télévision, sans qu'on sache si l'armée a choisi un camp et lequel. L'ex-Premier ministre Domingos Simoes Pereira, candidat du principal parti (PAIGC), conteste toujours la victoire attribuée par la commission électorale (CNE) à un autre ex-Premier ministre, l'opposant Umaro Sissoco Embalo. M. Embalo s'est fait investir président jeudi et s'est installé au Palais présidentiel. Il a nommé vendredi un nouveau Premier ministre parmi ses soutiens, Nuno Gomes Nabiam, après avoir limogé le Premier ministre Aristides Gomes (PAIGC), reconnu par la communauté internationale. Le PAIGC a de son côté investi vendredi comme "président intérimaire" un de ses responsables, le président de l'Assemblée nationale Cipriano Cassama. Mais M. Cassama a démissionné de cette fonction dimanche, après avoir reçu, selon lui, "des menaces de mort". M. Embalo a été donné à plusieurs reprises vainqueur par la commission électorale avec 53,55%. Son adversaire, M. Pereira, crédité de 46,45%, et son parti, le PAIGC, dénoncent des fraudes et ont saisi la Cour suprême pour réclamer que l'on recompte les votes. La plus haute juridiction du pays a rendu plusieurs arrêts qui n'ont pas permis de vider ce contentieux, nouvel épisode qui illustre l'instabilité dont ce pays est coutumier depuis son indépendance en 1974. L'armée a souvent joué les arbitres en procédant à des coups d'Etat, dont le dernier a eu lieu en 2012. La Guinée-Bissau est l'un des pays les plus pauvres de la planète. Les narcotrafiquants utilisent son territoire pour faire transiter la cocaïne d'Amérique latine vers l'Europe.