Diffusé au bureau d'Amnesty International d'Alger, ce documentaire de 52 minutes suit les photographes Gaci, Bakouri, Aït Issad, Bouzidi et Baba Ali, authentiques témoins de la révolution du sourire depuis le 22 février 2019. Le la à l'avant-première, plutôt publique que mondiale, du film documentaire Objectif Hirak a eu lieu samedi au bureau d'Amnesty International d'Alger, en présence du réalisateur Redha Menassel et de son staff de tournage. D'une durée de 52 minutes, ce court métrage fait revivre la révolution du sourire, mais aussi toutes ses péripéties qui ont abouti à l'An I du mouvement du Hirak. Réalisé pour le compte de Mediapart par le biais de l'œil et de l'œilleton de cinq photographes : Dihia Gaci, Sofiane Bakouri, Ahmed Aït Issad, Mohamed Zineddine Bouzidi et Midou Baba Ali, authentiques témoins d'une époque en ébullition, ce quinté de photographes était au cœur de l'actualité dès le 22 février 2019 pour immortaliser l'histoire d'un peuple en marche à l'aide du diaporama d'images que ces chasseurs d'images postaient tant de fois en ligne sur les réseaux sociaux, lit-on dans le générique du film. À ce propos, on y voit l'inégalable galerie de l'USMA entonner à l'unisson sur les gradins chauds bouillants du stade Omar-Hamadi, à Bologhine (ex-Saint-Eugène), le chant La Casa del Mouradia (2018) ou l'hymne des "mahgourine" (opprimés), mais aussi la complainte pour le rejet du 5e mandat du président Abdelaziz Bouteflika. Mais pas que, du fait que le film recèle des moments forts en émotion, à l'instar d'une foule en liesse : "Vue d'en haut et qui reflète l'image d'un ballet de bras qu'agitent les manifestants dans une cohérente chorégraphie, comme l'avaient fait les victimes du Titanic lorsqu'ils avaient à cœur de s'en sortir des flots de la mort", a dit le photographe Mohamed Zineddine Bouzidi, à qui l'on doit l'essentiel des prises de vues aériennes. Du reste, Objectif Hirak va dans le sens de la citation du sage adepte de Confucius Lao Tseu : "Mieux vaut allumer une bougie que maudire les ténèbres." "Mon film est un hommage aux photographes qui entretiennent la flamme du Hirak et qui se sont risqués à la place de journalistes. D'où le déficit en termes d'images de cette journée du 22 février 2019 par rapport à la pléthore d'images qui est disponible aujourd'hui", a déclaré Redha Menassel, journaliste à Radio Alger Chaîne 3 d'expression française. Autre instant d'émotion du film, la séquence du 1er mars 2019, où une dame a offert une fleur à un policier pour "authentifier le caractère pacifique des manifs mais aussi pour prouver l'aspect fraternel des enfants issus d'un même peuple", a déclaré la photographe Dihia Gaci. Au demeurant, Objectif Hirak immortalise également l'humour qu'est le propre de l'Algérien, à l'image de "Nounou moul essadjra" (Nounou perché sur son arbre) brandissant l'étendard d'un peuple libre et du jeune qui s'est portraituré le visage d'un cadre. Si tant que le slogan "Yetnahaw gaâ !" (Qu'ils dégagent tous), suivi du revers de la main d'un anonyme jeune du Hirak, est devenu le mot d'ordre du mouvement, aux côtés d'autres slogans nés du génie populaire du terroir. "J'ai eu l'idée de réaliser ce film à l'instant où des policiers m'ont cassé mon enregistreur et où j'ai su qu'une consœur photojournaliste s'est fait effacer le contenu de sa carte-mémoire manu militari par ces mêmes agents de l'ordre public, qui répriment également l'acte citoyen d'informer", a ajouté Redha Menassel, lauréat en 2017 du 2e prix Ali-Bey-Boudoukha pour le journalisme d'investigation. À signaler toutefois que ce sont les caméramans Yacine Merabtine et Karim Embarek qui ont suivi les photographes durant leurs pérégrinations. À noter que le film est visible dans sa version courte sur Youtube.