C'est sous le signe de la colère que s'est déroulé le 54e mardi de la contestation estudiantine à Oran. Ils étaient près de deux cents inconditionnels du hirak entre étudiants, enseignants universitaires et citoyens lambda qui ont pris part, hier, à la marche hebdomadaire, alors que le discours réducteur du ministre de l'Enseignement supérieur résonne encore en écho. "Etudiants en colère, citoyens engagés", pouvait-on lire sur une pancarte brandie sur la place du 1er-Novembre comme pour résumer et le ressentiment populaire et la prise de conscience des manifestants. Fidèles à une ligne de conduite immuable, ces derniers ont repris les mots d'ordre du mouvement de protestation populaire, revendiquant un Etat de droit civil, démocratique et non militaire : "Samôou, samôou ya ness, Abane khalla wsaya : dawla madania, machi âaskaria" (Ecoutez, écoutez, Abane a laissé une consigne : Etat civil et non militaire) ; "Joumhouria wellat malakia" (République devenue monarchie)… Avant de débuter la marche, les hirakistes ont tenu à observer une minute de silence en hommage aux harraga de Guelma qui sont morts en mer. Arrivée devant le siège de l'ex-parti unique, la foule a lâché la bride à son courroux, vilipendant les partis politiques responsables, selon elle, de la situation du pays. "Dégagez FLN, RND, Parlement, yetnahaw gaâ", ont crié les manifestants. La justice a eu son chapitre lors de ce mardi, dénonçant son parti pris et sa dépendance à l'Exécutif. "Winek winek ya âadala" (Où est la justice ?), "Âadala horra moustaqilla" (Justice libre et indépendante). Les manifestants ont également appelé au départ de la bande : "Dawha ouled lahram, yasqot ennidham" (Ils l'ont pillé les salauds, à bas le système), "Klitou lebled, ya sarraqine" (Vous avez ruiné le pays, bande de voleurs), "Makanch îssaba tanya" (Pas de deuxième bande). La légitimité du président de la République a été, encore une fois, remise en question par la foule, qui a rappelé sa mobilisation jusqu'à la satisfaction de toutes ses revendications : "Maranach habssine", "Hna wled Amirouche, marche arrière manwalouch".